Camille était âgée exactement de
quatre mille neuf cents jours, soit un peu plus de treize ans, la première fois
qu’elle L’avait vu.
Elle en était certaine, puisque c’est
au moment où elle entreprenait des calculs savants pour connaître son âge avec
précision qu’elle L’avait aperçue derrière l’arrêt de bus.
Elle n’en revenait pas encore. Au
début elle avait cru qu’elle était folle car une femme qui passait à côté de
Lui n’avait pas exprimé la moindre réaction.
Intriguée, Camille traversa la route pour se rapprocher du lieu
où Il avait fait son apparition. Arrivée à mi-distance un véhicule dérapa et
fonça sur elle, la percutant dans les côtes. Puis elle Le vit disparaitre comme
par magie après avoir dit quelque chose qui avait eu l’air de le satisfaire
profondément. Sauf que la magie ça n’existe pas, et les surdouées comme elle
savent parfaitement que tout est démontrable par des chiffres ou des faits même
lorsqu’on vient de se faire renverser par une voiture arrivant à 50 km/h avec
un angle de 120°. Peu après l’impact elle s’évanouit et n’entendit pas le
conducteur lui demandé comment elle allait.
Quand elle se réveilla elle se
trouvait dans un lit d’hôpital au milieu de la salle de réveil avec une forte douleur
au niveau des côtes. Que lui était-t-il arrivé ? Pourquoi n’avait-t-elle
pas traversée au passage piéton, elle qui est si prudente d’habitude ? Et
surtout pourquoi personne ne L’avait remarqué ? Comment la voiture
avait-elle pu déraper alors qu’il n’avait même pas plu ? Et elle se
rappela. Avant de foncer sur elle, le conducteur de la voiture avait essayé
d’éviter un plot apparu au milieu de la route. Camille pensa qu’elle devenait
folle, les choses n’apparaissent pas comme ça au milieu d’une route !
Camille se remémorerait la scène
depuis le matin et sans cesse Elle la voyait de plus en plus précisément. Elle
fut tirée de sa rêvasserie par un visage rond à la peau noire surmonté de
cheveux tressés décorés par une perle, fendu d’un immense sourire qui passa
devant ses yeux.
Camille sursauta avant de réaliser
qu’il ne s’agissait que de son ami Salim. Il en profita pour s’asseoir sur le
bord du lit avant de lui lançait :
-
Alors
comme ça on ne voulait pas venir à ma représentation de jonglage et on a préféré
se jeter sous les roues d’une voiture ! J’attendais un peu plus de soutien
de ta part tu sais …
Sous le regard médusé de son amie, il
enchaîna :
-
Non
mais je rigolé, personne de sensé ne souhaite passer deux jours à l’hôpital
avec des côtes déplacés ! Et plutôt que de me regarder comme si
j’étais un extraterrestre je voudrais bien que tu m’explique ce qui s’est
passé.
Comme mue d’une inspiration soudaine,
Camille se lança dans un discours complexe relatant chaque évènement arrivés
avant, pendant et après l’accident qui laissa perplexe Salim. A la fin de son
monologue elle conclut par :
-
En
fait je ne sais pas si j’ai tout imaginé ou si c’était la réalité.
Salim après une courte réflexion lui demanda :
- Tu n’arrêtes pas de
me parler de Lui, Il, mais je ne sais toujours pas qui c’est ou ce que
c’est, comment il est donc je ne peux pas répondre à ta question, si ce n’est
qu’une chose est sûre la magie ça n’existe pas Camille !
Camille soupira, puis résignée reprit :
-
Je
t’ai déjà tout dit ! Et puis Il n’est pas descriptible !
-
Bon
on va faire plus simple, vivant ou mort ?
-
Vivant.
-
Homme,
animal ou plante ?
-
Je
pense Homme.
-
Homme
ou femme ?
-
Homme.
-
Donc
pourquoi ne me l’as-tu pas dit avant ? Tu peux me le décrire ou je dois
encore jouer aux devinettes ?
-
Oh
ce n’est pas si facile ! Il était grand, vêtu de noir, effrayant ou plutôt
comme si Il avait une aura malveillante qu’Il diffusé tout autour de lui. Il
avait l’air d’être armure sous sa cape aussi.
-
T’es
sérieuse !!! Depuis quand les gens dans la rue ont l’air de démons,
habillés en noir portant une armure, voulant te tuer ?
Exaspérée Camille se retourna et laissa Salim avec sa
question en suspend, il fut tellement gêné qu’il repartit de l’hôpital sans
adresser une autre fois la parole à Camille.
De retour chez elle, Camille fut
accueillit par ses parents avec des airs de fausses retrouvailles. Elle ne
s’était jamais très bien entendue avec eux, car ils n’avaient pas l’air de se
préoccuper d’avoir une fille dans leur vie. Après quelques embrassades, son
père lui donna une chemise remplie de documents.
- Il s’agit du dossier d’inscription
pour l’école de critique d’art comme tu nous l’avais demandé. Cependant l’école
est à Nantes, lui dit-il.
- Comment ? Je vous avez demandé
à Lyon pas à Nantes ! Je ne pourrais plus voir Salim si je pars si loin et
vous le savez très bien sauf que j’ai l’impression que vous essayer de me
gâcher la vie !
- Pas du tout, nous avions
l’impression que l’Ecole de Nantes avait plus de crédit que celle de Lyon…
c’est tout.
- Vraiment ? Peut-être que celle
de Nantes est moins chère aussi ? Et je pense surtout que vous voulez
mettre le plus de distance possible entre nous !
- N’insinue pas ce genre de chose ou
sinon n’espère pas revenir voir ton copain auquel tu tiens tant pendant les
vacances ! Tu pourrais au moins nous remercier de notre gratitude pour
avoir accepter ton orientation professionnelle malgré notre répugnance pour
l’art !
- Je vous suis extrêmement
reconnaissante de m’envoyer à l’autre bout de la France avec autant de
bonté ! répliqua-t-elle amèrement.
Le mois
d’après Camille étudié dans son Ecole d’art à Nantes avec un enthousiasme grisé
par l’absence de son meilleur ami. Suite à de nombreuses disputes familiales
elle devait rester à l’internat même pendant les vacances la privant de son
seul espoir de revoir Salim.
Ses critiques d’œuvres d’art n’en
devinrent que plus dures et ses jugements plus critiques. Ses professeurs n’en
furent que plus admiratifs et l’envoyèrent étudier à Paris aux Beaux-arts pour
faire part de son œil critique aux jeunes artistes.
C’est là qu’elle rencontra un jeune
étudiant qui créer les œuvres les plus parfaites selon elle. De ces peintures
émanaient la vie, elles faisaient germer une graine d’admiration dans votre
cœur, plus vous analysiez la peinture plus cette toute nouvelle pousse
croitrait vite. Ce fut ce qui arriva à Camille, elle tomba amoureuse
d’admiration devant ces peintures mais n’osa jamais parler à leur créateur.
Un jour elle du dresser la critique
d’une de ces œuvres, elle dit juste
-
J’aurai
préféré des couleurs froides plutôt que chaudes pour faire encore plus
ressentir cette atmosphère poignante .
Le jeune étudiant la regarda et lui
dit :
-
Vos
désirs sont des ordres.
Il fixa la peinture qui vira du ton
orangé au ton bleuté devant le regard stupéfiait de Camille.
-
Voilà,
j’espère qu’elle vous plait, sinon je peux apporter encore d’autres
modifications.
Camille n’en revenait toujours pas
quand elle L’aperçut à nouveau. Il était là, Il été apparut comme par magie,
comme la dernière fois.
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