Les Mondes de Clèm: juin 2016

mercredi 22 juin 2016

Résultats du concours d'écriture 2016

En avril dernier j'ai lancé le troisième concours d'écriture du blog, pour ses quatre ans d'existence... Le thème était le suivant :


Votre réveil sonne. Un matin des plus ordinaires. Mais pourtant, vous vous sentez plus jeune. Cela fait même longtemps que vous n'aviez pas entendu ce réveil... 

Que feriez-vous si vous vous réveilliez quatre ans en arrière, pour une journée ?


C'est maintenant l'heure des résultats !

La gagnante est Léa, pour son texte loufoque et délirant "Une histoire sans fin... sans faim*" !
Elle remporte donc le roman de son choix des éditions Sarbacane.

Je souhaite remercier tous les participants pour leurs textes, j'aurais fait gagner tout le monde si ça avait été possible. Mention spéciale aux élèves de sixième de Mme Briand pour leurs participations. J'espère que ce concours vous aura permis de vous amuser ! Continuez à écrire !

Je vous laisse découvrir le texte de Léa, en espérant qu'il vous amuse autant que moi...

Un coup d’oeil vers le calendrier accroché au dessus de mon bureau me confirmait que le vieux avait réussi. Par je-ne-sais quelle magie, il avait réussi à me renvoyer 4 ans en arrière. 4 ans avant que tout ne commence. C’était notre seconde chance. L’ultime dernière chance pour changer le cours de choses et je n’avais que 24 heures pour le faire. Debout ! Je m’empresse de m’habiller – tiens, c’est vrai, je l’avais oublié ce t-shirt, je l’aimais tellement pourtant avec ses petites lettres noires qui disait « Expecto Patronum ! » - et je file dans la cuisine pour déjeuner : une longue journée m’attend.

Je croise mon petit frère dans le couloir, bon sang ce qu’il était mignon à cet âge là ! Je pouvais encore rigoler pendant des heures avec lui pour rien. Il faisait craquer toutes les mamies du quartier avec son sourire angélique, sa joie de vivre et son énergie. Ça me rendait presque jalouse tous ces bonbons qu’il récoltait juste parce que « Oh Mme Weasler, votre bout d’chou est tellement gentil ! ». Rien à voir avec l’adolescent déprimé de maintenant, ça c’est sûr. Mais comment lui en vouloir ? Est-ce que c’est de sa faute si le monde entier tire la gueule ? Et tout ça pour quoi ? Parce que ce fichu professeur Voldefoy s’est emparé de toutes les friandises du monde.
Le pire, c’est qu’on n’a rien vu venir. Ça a commencé par les bonbons au réglisse : petit à petit, ils ont disparu des magasins, des placards, des paquets multi-saveurs. Mais qui s’en souciait ? Personne n’aimait le réglisse de toute façon ! Puis ça a été au tour des bonbons aux fruits et des guimauves de disparaître… Je crois que c’est à partir de là que les gens ont commencé à se poser des questions. Les parents racontaient en riant à leurs enfants que les Petites Souris confisquaient les bonbons parce qu’elles en avaient assez de recueillir des dents en mauvaise santé. En réalité, ils s’inquiétaient. Certains repensaient au jour où un étrange personnage avait hacké tous les écrans du monde en même temps pour diffuser un teaser complètement absurde. Il racontait l’histoire d’un sorcier qui tenait son pouvoir des bonbons et comptait s’emparer de la Terre entière... Les journaux en avaient pas mal parlé à l’époque, je m’en souviens, les rumeurs disaient que c’était un échappé de l’asile qui avait fait le coup pour impressionner les gens. Personne n’avait pris son histoire au sérieux, et lorsqu’on s’est rendu compte que les bonbons disparaissaient comme dans la vidéo, il était déjà trop tard. Voldefoy était déjà bien trop puissant : son pouvoir s’amplifiait à chaque gourmandise qu’il subtilisait, alors autant vous dire que d’un simple battement de cil, il vous envoyait valser à l’autre bout de la pièce.

Des commandos spéciaux avaient vu le jour : on les appelait les « Siriusly ». Ils étaient plusieurs centaines à travers le monde, et s’étaient regroupés comme des résistants en suivant l’exemple de Sirius Bott, le premier qui avait osé se rebeller contre Voldefoy. Ce jour-là, je piquais une crise devant ma mère, dans le supermarché au bout de la rue. Ça faisait déjà plus de six mois que je lui réclamais des Jell Bell, mais elle refusait de m’en donner. J’avais pas encore capté que ce n’était pas parce qu’elle ne voulait pas, mais bien parce qu’il n’y en avait plus, j’étais jeune et naïve à l’époque – ouais, bon ok, j’avais quand même 15 ans passés – et ces petits bonbons me semblaient indispensables à ma croissance (l’adolescence vous savez, tout ça, tout ça…). J’étais donc en pleine crise hystérique en plein milieu du rayon légumes frais (pouvait pas tirer sa force des brocolis l’autre neuneu ? Ça aurait été plus sympa pour tout le monde), quand soudain, coupure de courant. Extinction des lumières. Noir total. Puis là, les écrans de publicités à chaque bout de rayons et au dessus des caisses se sont rallumés. On flippait tous de revoir le visage du pauvre fou avec son histoire de bonbecs, parce que mine de rien, maintenant, on en était tous persuadés que c’était lui l’investigateur de cette catastrophe alimentaire. Et il était bien là, en train de dévaliser l’usine de pâtes de fruits Crockdur. Seulement, cette fois, il avait l’air en mauvaise posture : un jeune homme – plutôt craquant soit dit en passant, et je dis pas ça à cause de ses fringues couverts de crackers au fromage (ça c’était plutôt étrange) – lui bloquait le passage vers la sortie. Les sorts du vieux fou n’atteignaient pas cet inconnu, d’une part parce qu’il maîtrisait un peu la magie blanche – c’est comme ça qu’il avait pris le contrôle des écrans, pour que les gens puissent voir la faiblesse de Voldefoy – et d’autre part, parce que ce petit génie avait compris que si le sucre le rendait puissant, le salé le rendrait faible ! (Pas besoin de me faire boire de l’Amortentia, j’suis déjà sous l’charme!)
À grands coups de chips et de saucisson, celui qui se présentera sous le nom de Sirius Bott était en train de faire fuir l’indésirable. Notre héros mondial avait réussi à affaiblir Voldefoy, au moins le temps d’un instant, et ainsi sauvé toute une cargaison de friandises. Cette petite victoire diffusée dans le monde entier avait permis d’insuffler une petite dose d’espoir à toutes les populations. Mais malgré les efforts des Siriusly, Voldefoy revenait toujours plus fort et en moins de quatre ans, avait dérobé tous les produits sucrés de la Terre : bonbons, pâtisseries, gâteaux en tous genres, fruits, miel …(Vous comprenez maintenant pourquoi tout le monde est blasé ? Essayez de vivre sans chocolat, vous verrez !) Avec son stock de sucreries, diriger la Terre n’était plus qu’une question de jours. La seule chance de l’arrêter, c’était de ne pas le laisser commencer.

Bref, dans cinq heures, un fou va hacker tous les écrans du monde, et le seul moyen de l’en empêcher c’est de lui retirer ses petits pouvoirs avant qu’ils ne deviennent trop puissants. Pour ça, il va falloir le saupoudrer de sel. Il faut vraiment que je réussisse cette journée…

lundi 6 juin 2016

Songe à la douceur – Clémentine Beauvais


Il y a des romans qui attendent des mois avant d'être ouverts et ceux qu'on ouvre dès les cinq premières minutes. Il y a des romans qu'on lit pour passer le temps et ceux qui nous happent alors qu'on devrait travailler. Il y a des romans normaux et il y a Songe à la douceur. Comment décrire une telle merveille ? Par quelle magie de simples mots sur des pages peuvent-ils nous faire ressentir autant d'émotions ? Je sors toute chamboulée de cette lecture, qui dépasse de loin presque tout ce que j'ai lu auparavant.

Eugène, Tatiana. Nous suivons leur histoire, découvrons leur passé. Ce qui s'est passé, ce qui n'a pas été fait et ce qu'il reste à faire. Leurs portraits se tissent au fil des pages et nous emportent dans un ouragan de sentiments. Même si j'ai tourné la dernière page il y a plus d'une heure, j'aurais envie de le recommencer. De plonger à nouveau entre ces pages, de me noyer dans des mots si magnifiquement choisis. Autant dans le fond que dans la forme, chaque page est une oeuvre d'art. Car le plus étonnant est qu'il s'agit d'un roman écrit en vers libres du début à la fin et avec une mise en page extraordinaire qui a dû demander beaucoup de travail. Je suis admirative. C'est original et on s'adapte très rapidement à cette lecture si particulière. Il y a une raison derrière la position de chaque mot et l'histoire n'en est qu'enrichie.

J'aime cette histoire, ces personnages et cette manière de raconter. Merci Clémentine Beauvais pour ces minutes de bonheur passées en compagnie de Tatiana et Eugène. Malheureusement, les pages défilent à une vitesse folle. On aimerait qu'il en reste pour toujours, que la fin n'arrive jamais et qu'il y ait toujours de nouvelles surprises. Car cette histoire d'amour, aussi belle et déchirante soit-elle, nous réserve son lot d'étonnement. Dans ces moments, on reste accrochés aux phrases. Comme si sans elles, on ne pourrait pas continuer à respirer. C'est une nécessité : il nous faut savoir ce qui s'est passé, ce qui va se passer.

Il y a dans cette histoire tellement de moments qui m'ont donné une impression de déjà-vu. Pas le moins du monde par rapport à d'autres ouvrages, mais par rapport à la vraie vie. On sourit de ces ressemblances avec notre histoire personnelle, que la poésie des phrases sublime. Ces petits moments du quotidien qui sont capturés entre les pages et que l'on revit en même temps que les personnages. J'adore.

Il y aurait tellement de choses à ajouter, mais pour vous rendre compte de la vraie beauté de Songe à la douceur, rien ne vaut le fait que vous le lisiez. Découvrez par vous-mêmes ce roman extraordinaire, qui ne pourra pas vous laisser indifférents. Je souhaite de tout mon coeur que vous l'aimiez autant que moi.

Songe à la douceur sortira en août prochain, vous pourrez en savoir un peu plus sur le site web de Clémentine Beauvais ou sur la page facebook des éditions Sarbacane