Les Mondes de Clèm: 2016

mercredi 22 juin 2016

Résultats du concours d'écriture 2016

En avril dernier j'ai lancé le troisième concours d'écriture du blog, pour ses quatre ans d'existence... Le thème était le suivant :


Votre réveil sonne. Un matin des plus ordinaires. Mais pourtant, vous vous sentez plus jeune. Cela fait même longtemps que vous n'aviez pas entendu ce réveil... 

Que feriez-vous si vous vous réveilliez quatre ans en arrière, pour une journée ?


C'est maintenant l'heure des résultats !

La gagnante est Léa, pour son texte loufoque et délirant "Une histoire sans fin... sans faim*" !
Elle remporte donc le roman de son choix des éditions Sarbacane.

Je souhaite remercier tous les participants pour leurs textes, j'aurais fait gagner tout le monde si ça avait été possible. Mention spéciale aux élèves de sixième de Mme Briand pour leurs participations. J'espère que ce concours vous aura permis de vous amuser ! Continuez à écrire !

Je vous laisse découvrir le texte de Léa, en espérant qu'il vous amuse autant que moi...

Un coup d’oeil vers le calendrier accroché au dessus de mon bureau me confirmait que le vieux avait réussi. Par je-ne-sais quelle magie, il avait réussi à me renvoyer 4 ans en arrière. 4 ans avant que tout ne commence. C’était notre seconde chance. L’ultime dernière chance pour changer le cours de choses et je n’avais que 24 heures pour le faire. Debout ! Je m’empresse de m’habiller – tiens, c’est vrai, je l’avais oublié ce t-shirt, je l’aimais tellement pourtant avec ses petites lettres noires qui disait « Expecto Patronum ! » - et je file dans la cuisine pour déjeuner : une longue journée m’attend.

Je croise mon petit frère dans le couloir, bon sang ce qu’il était mignon à cet âge là ! Je pouvais encore rigoler pendant des heures avec lui pour rien. Il faisait craquer toutes les mamies du quartier avec son sourire angélique, sa joie de vivre et son énergie. Ça me rendait presque jalouse tous ces bonbons qu’il récoltait juste parce que « Oh Mme Weasler, votre bout d’chou est tellement gentil ! ». Rien à voir avec l’adolescent déprimé de maintenant, ça c’est sûr. Mais comment lui en vouloir ? Est-ce que c’est de sa faute si le monde entier tire la gueule ? Et tout ça pour quoi ? Parce que ce fichu professeur Voldefoy s’est emparé de toutes les friandises du monde.
Le pire, c’est qu’on n’a rien vu venir. Ça a commencé par les bonbons au réglisse : petit à petit, ils ont disparu des magasins, des placards, des paquets multi-saveurs. Mais qui s’en souciait ? Personne n’aimait le réglisse de toute façon ! Puis ça a été au tour des bonbons aux fruits et des guimauves de disparaître… Je crois que c’est à partir de là que les gens ont commencé à se poser des questions. Les parents racontaient en riant à leurs enfants que les Petites Souris confisquaient les bonbons parce qu’elles en avaient assez de recueillir des dents en mauvaise santé. En réalité, ils s’inquiétaient. Certains repensaient au jour où un étrange personnage avait hacké tous les écrans du monde en même temps pour diffuser un teaser complètement absurde. Il racontait l’histoire d’un sorcier qui tenait son pouvoir des bonbons et comptait s’emparer de la Terre entière... Les journaux en avaient pas mal parlé à l’époque, je m’en souviens, les rumeurs disaient que c’était un échappé de l’asile qui avait fait le coup pour impressionner les gens. Personne n’avait pris son histoire au sérieux, et lorsqu’on s’est rendu compte que les bonbons disparaissaient comme dans la vidéo, il était déjà trop tard. Voldefoy était déjà bien trop puissant : son pouvoir s’amplifiait à chaque gourmandise qu’il subtilisait, alors autant vous dire que d’un simple battement de cil, il vous envoyait valser à l’autre bout de la pièce.

Des commandos spéciaux avaient vu le jour : on les appelait les « Siriusly ». Ils étaient plusieurs centaines à travers le monde, et s’étaient regroupés comme des résistants en suivant l’exemple de Sirius Bott, le premier qui avait osé se rebeller contre Voldefoy. Ce jour-là, je piquais une crise devant ma mère, dans le supermarché au bout de la rue. Ça faisait déjà plus de six mois que je lui réclamais des Jell Bell, mais elle refusait de m’en donner. J’avais pas encore capté que ce n’était pas parce qu’elle ne voulait pas, mais bien parce qu’il n’y en avait plus, j’étais jeune et naïve à l’époque – ouais, bon ok, j’avais quand même 15 ans passés – et ces petits bonbons me semblaient indispensables à ma croissance (l’adolescence vous savez, tout ça, tout ça…). J’étais donc en pleine crise hystérique en plein milieu du rayon légumes frais (pouvait pas tirer sa force des brocolis l’autre neuneu ? Ça aurait été plus sympa pour tout le monde), quand soudain, coupure de courant. Extinction des lumières. Noir total. Puis là, les écrans de publicités à chaque bout de rayons et au dessus des caisses se sont rallumés. On flippait tous de revoir le visage du pauvre fou avec son histoire de bonbecs, parce que mine de rien, maintenant, on en était tous persuadés que c’était lui l’investigateur de cette catastrophe alimentaire. Et il était bien là, en train de dévaliser l’usine de pâtes de fruits Crockdur. Seulement, cette fois, il avait l’air en mauvaise posture : un jeune homme – plutôt craquant soit dit en passant, et je dis pas ça à cause de ses fringues couverts de crackers au fromage (ça c’était plutôt étrange) – lui bloquait le passage vers la sortie. Les sorts du vieux fou n’atteignaient pas cet inconnu, d’une part parce qu’il maîtrisait un peu la magie blanche – c’est comme ça qu’il avait pris le contrôle des écrans, pour que les gens puissent voir la faiblesse de Voldefoy – et d’autre part, parce que ce petit génie avait compris que si le sucre le rendait puissant, le salé le rendrait faible ! (Pas besoin de me faire boire de l’Amortentia, j’suis déjà sous l’charme!)
À grands coups de chips et de saucisson, celui qui se présentera sous le nom de Sirius Bott était en train de faire fuir l’indésirable. Notre héros mondial avait réussi à affaiblir Voldefoy, au moins le temps d’un instant, et ainsi sauvé toute une cargaison de friandises. Cette petite victoire diffusée dans le monde entier avait permis d’insuffler une petite dose d’espoir à toutes les populations. Mais malgré les efforts des Siriusly, Voldefoy revenait toujours plus fort et en moins de quatre ans, avait dérobé tous les produits sucrés de la Terre : bonbons, pâtisseries, gâteaux en tous genres, fruits, miel …(Vous comprenez maintenant pourquoi tout le monde est blasé ? Essayez de vivre sans chocolat, vous verrez !) Avec son stock de sucreries, diriger la Terre n’était plus qu’une question de jours. La seule chance de l’arrêter, c’était de ne pas le laisser commencer.

Bref, dans cinq heures, un fou va hacker tous les écrans du monde, et le seul moyen de l’en empêcher c’est de lui retirer ses petits pouvoirs avant qu’ils ne deviennent trop puissants. Pour ça, il va falloir le saupoudrer de sel. Il faut vraiment que je réussisse cette journée…

lundi 6 juin 2016

Songe à la douceur – Clémentine Beauvais


Il y a des romans qui attendent des mois avant d'être ouverts et ceux qu'on ouvre dès les cinq premières minutes. Il y a des romans qu'on lit pour passer le temps et ceux qui nous happent alors qu'on devrait travailler. Il y a des romans normaux et il y a Songe à la douceur. Comment décrire une telle merveille ? Par quelle magie de simples mots sur des pages peuvent-ils nous faire ressentir autant d'émotions ? Je sors toute chamboulée de cette lecture, qui dépasse de loin presque tout ce que j'ai lu auparavant.

Eugène, Tatiana. Nous suivons leur histoire, découvrons leur passé. Ce qui s'est passé, ce qui n'a pas été fait et ce qu'il reste à faire. Leurs portraits se tissent au fil des pages et nous emportent dans un ouragan de sentiments. Même si j'ai tourné la dernière page il y a plus d'une heure, j'aurais envie de le recommencer. De plonger à nouveau entre ces pages, de me noyer dans des mots si magnifiquement choisis. Autant dans le fond que dans la forme, chaque page est une oeuvre d'art. Car le plus étonnant est qu'il s'agit d'un roman écrit en vers libres du début à la fin et avec une mise en page extraordinaire qui a dû demander beaucoup de travail. Je suis admirative. C'est original et on s'adapte très rapidement à cette lecture si particulière. Il y a une raison derrière la position de chaque mot et l'histoire n'en est qu'enrichie.

J'aime cette histoire, ces personnages et cette manière de raconter. Merci Clémentine Beauvais pour ces minutes de bonheur passées en compagnie de Tatiana et Eugène. Malheureusement, les pages défilent à une vitesse folle. On aimerait qu'il en reste pour toujours, que la fin n'arrive jamais et qu'il y ait toujours de nouvelles surprises. Car cette histoire d'amour, aussi belle et déchirante soit-elle, nous réserve son lot d'étonnement. Dans ces moments, on reste accrochés aux phrases. Comme si sans elles, on ne pourrait pas continuer à respirer. C'est une nécessité : il nous faut savoir ce qui s'est passé, ce qui va se passer.

Il y a dans cette histoire tellement de moments qui m'ont donné une impression de déjà-vu. Pas le moins du monde par rapport à d'autres ouvrages, mais par rapport à la vraie vie. On sourit de ces ressemblances avec notre histoire personnelle, que la poésie des phrases sublime. Ces petits moments du quotidien qui sont capturés entre les pages et que l'on revit en même temps que les personnages. J'adore.

Il y aurait tellement de choses à ajouter, mais pour vous rendre compte de la vraie beauté de Songe à la douceur, rien ne vaut le fait que vous le lisiez. Découvrez par vous-mêmes ce roman extraordinaire, qui ne pourra pas vous laisser indifférents. Je souhaite de tout mon coeur que vous l'aimiez autant que moi.

Songe à la douceur sortira en août prochain, vous pourrez en savoir un peu plus sur le site web de Clémentine Beauvais ou sur la page facebook des éditions Sarbacane

mardi 26 avril 2016

Quelle différences entre la littérature "jeunesse" et celle "pour adultes" ?

Dans le cadre de l'écriture d'un essai sur la littérature jeunesse, j'ai demandé à plusieurs personnes leur point de vue sur la question suivante. 

Comment ressentez-vous la "différence" ou "frontière" entre la littérature dite "jeunesse" et celle dite "pour adultes" ?

Auteurs et éditeur ont accepté de répondre à cette question ! Je remercie énormément Cat Clarke, Cathy Ytak, Clémentine Beauvais, Florence Hinckel et Tibo Bérard. Voici donc leurs réponses, par ordre alphabétique de prénom car je ne souhaite pas les classer. (Retrouvez aussi en cliquant ici les résultats du sondage sur la littérature jeunesse et les blogueurs.) 

Et vous, que pensez vous de cette "frontière" ?

La réponse de Cat Clarke, auteure de Revanche et A Kiss In The Dark (entre autres)

In English: For me the difference between a book for children and young adults, and one for adults, is the point of view. An adult book can have a child main character, but usually the action is being narrated from a point in the future, when the child has grown up. There is also usually a certain sense of 'knowing' to the point of view. Another common difference is that children's and YA books have to move at a faster pace. The reader has less patience for a slow build-up, or for pages and pages of description. Of course, there are always exceptions, and rules are made to be broken!

En Français : Pour moi, la différence entre un roman jeunesse, young-adult ou bien un pour adultes, est le point de vue. Un roman pour adultes peut avoir un enfant en personnage principal, mais l'action est souvent narrée d'un point de vue futur, quand l'enfant a grandi. Il y a aussi une certaine impression de "complicité" avec le narrateur. Une autre différence est que les livres jeunesse et YA se doivent d'avoir un rythme plus soutenu. Le lecteur a moins de patience pour une intrigue lentement construite ou bien pour des pages et des pages de descriptions. Bien évidemment il y a toujours des exceptions et les règles sont faites pour être contournées !

La réponse de Cathy Ytak, auteure de Pas Couché et 50 minutes avec toi (entre autres)

Pour moi, il y a deux choses assez différentes.
La littérature vraiment "jeunesse" (qui s'adresse à des enfants jusqu'à douze, treize ans environ), et la littérature ados (qui est néanmoins toujours étiqueté "Jeunesse").
La frontière est très floue entre littérature pour ados et littérature pour adultes, et ce sont les éditeurs qui la font.
Pour moi, cette frontière n'existe pas. J'écris exactement de la même manière pour des ados et pour des adultes…

Alors, donc... la différence entre la littérature jeunesse (moins de 13 ans environ) et la littérature adulte :
Il y a, je pense, de la part du grand public, une vraie méconnaissance de cette littérature, et encore beaucoup de condescendance (voire un peu de mépris !).
On entend parfois dire "c'est facile d'écrire pour les enfants"… Or je pense que c'est le contraire. Cela demande beaucoup de rigueur et d'attention. Et, non, ce n'est pas "facile".
Il y a dans la littérature jeunesse de vrais trésors qui peuvent entraîner les adultes très loin...

La couverture médiatique de la littérature jeunesse est aussi très réduite, par rapport à la littérature adulte. Pas de magazines grand public sur la littérature jeunesse, par exemple. Quelques rares émissions de radio, pas d'émissions de télévision…
La littérature jeunesse est le secteur littéraire qui marche le mieux… et c'est celui dont on parle moins !
Le seul point positif de ce désintérêt de la presse en général pour la littérature jeunesse, c'est qu'elle est, de fait, moins soumise à des effets de mode.

La réponse de Clémentine Beauvais, auteure de Les Petites Reines (entre autres)

Personnellement, je trouve qu'il y a une frontière assez intéressante, et qui n'a pas toujours existé, entre littérature 'pour enfants' et pour adultes. Cette frontière, c'est celle d'un certain absolu ou d'un certain sens de la nécessité ou de l'universel. En littérature adulte, on a abandonné depuis la deuxième moitié du 20e siècle le sens de l'absolu qui habitait le roman depuis sa création (au 17e siècle). Le roman adulte contemporain est marqué par une sorte de relativisme, il y a peu de discussions de valeurs, d'universels, de questions de vie et de mort. Il y est beaucoup question de considérations personnelles et psychologiques d'individus. Le roman jeunesse, au contraire, présente des situations empreintes d'un vrai sens de l'absolu. Il est question souvent de conflits très importants, d'amour fou, de mort et de force d'existence, de valeurs qui existent au delà des individus. Je pense que c'est aussi ce qui explique qu'un certain nombre de livres qui auraient autrefois été publiés en adulte (en 'normal', en fait), sont publiés en jeunesse. C'est quand ils transmettent cette impression d'absolu, de 'grandes questions'.

La réponse de Florence Hinckel, auteure de L'été où je suis né, Quatre Filles et Quatre Garçons, #Bleue et U4 : Yannis (entre autres)

Vaste débat, chère Clèm ! Dans la littérature pour la jeunesse, il faut distinguer les romans à destination des enfants et ceux à destination des adolescents. Dans les premiers, il y a une attention particulière au langage pour qu'il soit accessible à des premiers lecteurs (avec quand même quelques mots à chercher dans le dico !), il faut aussi veiller à ne pas trop tordre la linéarité de l'histoire, qui les perdrait. Pour les ados ou les jeunes adultes, on est totalement libres dans ces domaines-là. Et du coup la frontière avec la littérature dite générale est très floue, voire elle n'a aucune raison d'être, la plupart du temps ! On peut juste relever cette constante : souvent les héros sont des ados ou des jeunes adultes. Et les genres dits mineurs en littérature générale sont très bien représentés en jeunesse et appréciés à la même hauteur que les récits "plus nobles" proches de la littérature blanche : SF, fantastique, policier. La liberté est beaucoup plus grande pour l'écrivain, et le choix plus vaste pour le lecteur ! Sinon, un bon roman, qu'il soit publié en jeunesse ou en litté générale (qui ne sont peut-être que des sectorisations marketing), c'est un roman universel, qui peut plaire à tous les âges.

La réponse de Tibo Bérard, éditeur chez Sarbacane, directeur des collections Pépix et Exprim (retranscription d'un appel téléphonique)

Il y a deux réponses différentes en fonction des collections dont je m'occupe.

Il y a la collection Pépix, pour des romans d'enfance, qui a un lectorat clairement ciblé : les 8-12 ans. C'est vraiment autre chose que la littérature adulte. Celle-ci est pensée pour les enfants et on se concentre sur les deux dynamiques de la collection : l'humour et l'aventure. On propose donc des romans pensés pour cet âge là. C'est un petit peu sur des critères de difficulté, d'accessibilité de lecture. Si on s'adresse aux enfants, on fait attention de proposer des structures syntaxiques riches mais accessibles à tous. Nous sommes là pour accompagner un enfant qui commence à lire tout seul, à 7-8 ans, et qui devient vraiment autonome à 9-10 ans. J'aime bien l'idée de ne pas les prendre pour des idiots. Il y a plein de choses différentes : des propositions subordonnées, des inversions de sujet, des phrases nominales... Dans ces propositions de romans d'enfance, est-ce qu'on s'interdit des sujets, ce n'est pas vraiment le mot. C'est plutôt qu'il y a des sujets qui ne concernent pas encore les enfants, ou du moins des façons de les traiter qui ne les concernent pas encore. Par exemple, on va faire un Pépix prochainement, qui parle de la situation des migrants. On peut donc leur parler de tout, mais faire le récit d'un corps déchiqueté ça n'a pas beaucoup d'intérêt pour un enfant. Donc pour toute cette sphère là, lorsqu'on est dans le roman d'enfance, il y a des différences avec la littérature adulte assez marquées. On se concentre sur le plaisir de la narration, on fait quand même un travail d'accessibilité au texte, question qui ne se pose pas trop en littérature générale. Encore que, quand on voit certains gros succès de librairie... D'ailleurs, Marc Levy le dit, il travaille à clarifier ses phrases le plus possible. En revanche même dans le cadre d'une littérature jeunesse pensée comme ça, je ne vois pas pourquoi elle serait hiérarchisée. Je ne vois pas pourquoi elle serait en dessous de la littérature générale. Ces romans là d'enfance sont plus joyeux, plus faciles d'accès, souvent plus courts, mais ça ne veut pas dire qu'ils sont moins bons. C'est aussi le fruit d'un travail littéraire.

En revanche quand on parle de roman ado-adulte, c'est une toute autre question. Très clairement, pour moi il n'y a pas de différence de niveau de lecture ou encore d'ambition littéraire. Je trouve que les romans que je publie dans ma collection rivalisent sans aucun problème avec les romans qui peuvent paraître lors de la rentrée littéraire française. La différence si elle se fait, n'est donc pas là. En fait, elle ne se fait pas sur le public. Personnellement, je ne parle pas de romans ados ni de romans jeunes adultes, je parle de romans ados-adultes. Il s'agit de romans qui touchent autant les adultes que les ados. Ce qu'il y a c'est une attention portée à l'énergie de l'adolescence. La différence pour moi est une question d'énergie, de rythme narratif. Il y a souvent des romans qui sont plus tournés vers la narration "à l'Américaine", c'est à dire qu'on fait passer la narration en premier lieu et on en dégage un propos problématique ou des thématiques en deuxième lieu. Au contraire, la littérature classique française a plutôt tendance à faire l'inverse, à être une littérature cérébrale qui part d'un thème en mettant en jeu, pour l'exploration de ce thème, un style. Et la narration vient en troisième plan. Par exemple "Réparer les vivants" (Maylis de Kerangal) est typique : thématique centrale, un style déployé autour de cette thématique et ensuite en dernier plan une intrigue qui ne tient pas sur grand chose. Côté ado-adulte, on va plus privilégier des récits forts, des personnages, des scènes dialoguées, un sens de la narration, un enjeu narratif. À mon sens le style vient en deuxième lieu et le sujet en dernier. Ça se joue surtout là, c'est-à-dire quelque chose d'assez décomplexé par rapport au propos. Je pense que c'est une littérature qui se veut moins cérébrale, plus créative et récréative. Mais qui pourrait très très bien atterrir sur les tables de littérature générale. Il n'y a aucun inconvénient à ce que ça se fasse, si ce n'est que je trouve que c'est bien de marquer l'attention portée aux jeunes. De toute façon, c'est une approche qui est aussi commerciale. « Soit on entre dans les livres par la littérature générale, soit on rentre par l'ado-adulte parce qu'on estime que c'est plus fun, pour le dire simplement. C'est souvent plus joyeux, plus festif et je trouve que c'est un genre qui s'offre plus de libertés dans la narration.

vendredi 22 avril 2016

La littérature jeunesse et les blogueurs

Vous avez été 477 à répondre au questionnaire mis en ligne le 11 avril, pour m'aider à rédiger mon essai sur la littérature jeunesse dans le cadre de mes études. Un très grand merci ! 


Voici donc les informations que j'ai recueillies, n'hésitez pas à cliquer sur les images pour agrandir.


Il faut bien se rappeler que les personnes ayant eu connaissance du sondage suivent principalement mon blog ou ceux d'amis ayant partagé. Toutes les catégories de lecteurs ne sont pas représentées ! 




1 étant "Pas du tout" et 5 "Oui, absolument !"

Encore merci à ceux qui y ont répondu, à bientôt !

jeudi 21 avril 2016

À la rencontre de Lucie Pierrat-Pajot...

Les Mystères de Larispem
© Claire Jachymiak


Pour la deuxième fois, les éditions Gallimard Jeunesse ont organisé un concours, permettant à un auteur n'ayant jamais été publié d'avoir cette chance. Après La Passe-Miroir de Christelle Dabos en 2013, c'est Lucie Pierrat-Pajot qui a remporté ce concours. Les Mystères de Larispem est donc en librairie depuis quelques semaines. Roman plein d'aventures à l'univers extraordinaire, il est à découvrir dès que possible. (Cliquez ici pour lire mon avis complet !)

LARISPEM
1899,
Dans cette Cité-État indépendante où les bouchers constituent la caste forte d'un régime populiste, trois destins se croisent... Liberté, la mécanicienne hors pair, Carmine, l'apprentie louchébem et Nathanaël, l'orphelin au passé mystérieux. Tandis que de grandes festivités se préparent pour célébrer le nouveau siècle, l'ombre d'une société secrète vient planer sur la ville. Et si les Frères de Sang revenaient pour mettre leur terrible vengeance à exécution ?

Lucie Pierrat-Pajot a accepté de répondre à quelques questions pour le blog, un très grand merci à elle ! Partons à sa rencontre, entre deux ruelles de Larispem...

Qu'est-ce qui vous a poussée à placer Larispem à ce moment de l'Histoire, pourquoi la Commune en 1871 ?

Je voulais une uchronie, je voulais une ambiance un peu steampunk et mon point de départ c'était l'argot des bouchers. Paris au XIXème s'est donc imposé de lui-même. Il me restait à trouver un point historique important dont la modification aurait entraîné un changement profond. La Commune était la candidate idéale...

En écrivant, saviez-vous dès le départ ce qui allait se passer par la suite dans le roman ? Et connaissez-vous déjà le dénouement de toute l'histoire ?

Ma façon d'écrire tiens pas mal de la broderie. J'ai un canevas, j'ai une idée générale et certaines scènes importantes. A partir de là, je brode ! Une idée en engendre une autre et l'histoire se dessine devant mes yeux. Du coup, le dénouement est très flou. Je sais à peu près où je vais emmener mes lecteurs mais comment vais-je nouer les fils de mon récit ? Lystèrmuche !

Les Mystères De Larispem est votre premier roman publié, est-ce aussi le premier que vous écrivez ?

Oh que non ! D'après mes calculs, et en comptant les romans un peu (beaucoup) pourris écrits entre 12 et 20 ans, celui-ci doit être le sixième.

Pour quelle raison avez-vous choisi d'écrire pour la jeunesse ? Est-ce un choix personnel ou bien avez-vous décidé cela car l'occasion se présentait, grâce au concours de Gallimard ?

J'écris ce que j'aime, ce que j'ai envie d'écrire et il se trouve que le plus souvent ça correspond à des romans jeunesse. Peut-être qu'un jour j'aurais envie d'une histoire qui ne peut être que de la littérature "adulte", on verra...

Êtes-vous une grande lectrice, et si oui quels sont les romans qui vous ont poussée à vouloir écrire ?

Je suis une lectrice perpétuellement affamée. Je lis vite et je lis beaucoup. Surtout de la littérature jeunesse encore une fois, mais aussi des BD et de la non-fiction (pas mal de vulgarisation scientifique, c'est un terrain d'inspiration hyper fertile !). J'aurais du mal à citer des romans qui m'aient poussé à écrire. Étant de nature créative, j'ai simplement fini par avoir envie de fabriquer mes propres histoires, de devenir moi aussi auteur.

Avez-vous commencé à écrire la suite, et savez-vous pour l'instant combien de tomes comportera la série ?

La suite est déjà commencée, en effet. J'essaie d'écrire un peu tous les jours, ça avance donc, lentement mais à peu près sûrement ! A priori il devrait y avoir trois tomes.

Comment avez-vous appris que vous aviez gagné le premier prix du concours premier roman Gallimard Jeunesse et quelle a été votre réaction ?

J'ai d'abord su que j'étais dans le trio retenu après la lecture de tous les manuscrits envoyés. Ensuite, une dizaine de jours plus tard, celle qui allait devenir mon éditrice m'a appelé pour me dire que j'avais décroché le Graal de l'aspirant écrivain ! Le prix et avec lui mon ticket pour l'édition. J'ai eu beaucoup, beaucoup de mal à réaliser. C'était quelque chose que j'avais tellement imaginé que j'ai eu un mal fou à me dire que oui, c'était pour de vrai !

Merci encore pour ces réponses ! 

Et vous, que faites-vous encore sur internet ? Qu'attendez-vous pour découvrir Larispem et ses secrets ? 

dimanche 17 avril 2016

Concours d'écriture 2016

Bonjour chers lecteurs !

Le mois dernier, le blog a fêté ses quatre ans. À cette occasion, j'ai décidé d'organiser le troisième concours d'écriture depuis sa création en mars 2012... 


Votre réveil sonne. Un matin des plus ordinaires. Mais pourtant, vous vous sentez plus jeune. Cela fait même longtemps que vous n'aviez pas entendu ce réveil... 

Que feriez-vous si vous vous réveilliez quatre ans en arrière, pour une journée ?


Les éditions Sarbacane s'associent au blog pour ce concours et ont accepté d'offrir au gagnant un livre, au choix. En voici quelques uns, pour vous donner une idée ! Cliquez sur les couvertures pour lire mes articles...

       

Tous de très bons livres, que je ne peux que vous conseiller !

Comment participer ?

- Écrivez votre texte, correspondant au thème expliqué plus haut. Que feriez-vous si vous vous réveilliez quatre ans en arrière, pour une journée ? Pour les quatre ans du blog, revenons quelques années en arrière ! En dehors de cela, vous avez toutes les libertés dans ce que vous écrivez. Lâchez-vous !


- Votre texte devra faire entre 800 et 8 000 mots !

- Envoyez-le moi avant le 21 mai 23h59 à cette adresse : lesmondesdeclem[at]hotmail.fr (n'oubliez pas de remplacer [at] par @)

- Dans votre mail, précisez vos nom, prénom et âge.

- Les résultats seront annoncés en mai sur le blog et le gagnant sera contacté par mail. 

- N'hésitez pas à aller liker la page facebook du blog et à partager ce concours ! 

À vos crayons, je compte sur vous !

Les Mystères De Larispem : Le Sang Jamais N'Oublie – Lucie Pierrat-Pajot


LARISPEM
1899,
Dans cette Cité-État indépendante où les bouchers constituent la caste forte d'un régime populiste, trois destins se croisent... Liberté, la mécanicienne hors pair, Carmine, l'apprentie louchébem et Nathanaël, l'orphelin au passé mystérieux. Tandis que de grandes festivités se préparent pour célébrer le nouveau siècle, l'ombre d'une société secrète vient planer sur la ville. Et si les Frères de Sang revenaient pour mettre leur terrible vengeance à exécution ?

Après le succès de La Passe-Miroir, de Christelle Dabos, gagnant de la première édition du concours "premier roman" de Gallimard Jeunesse, la tentation de découvrir le gagnant de la deuxième édition était forte. Et même si mon porte monnaie apprécie moins, j'ai tellement bien fait de céder à l'appel de ce si beau roman à la librairie la semaine dernière !

Plongez dans un Paris de 1899 qui n'est plus Paris, mais Larispem, Cité-État indépendante... Une ville où la Commune de 1871 a été remportée par le peuple grâce à l'aide de bouchers, louchébems en argot. Ici, les riches aristocrates ont été bannis et tous les citoyens sont égaux. Mais malgré le temps qui a passé, il se trouve que certains cherchent toujours à revendiquer leurs droits et leur supériorité... Dans cette ville où Jules Verne est adoré, Liberté a pour tâche de réparer des automates. Carmine est apprentie louchébem et Nathanaël est un adolescent parmi tant d'autres, à l'orphelinat de Larispem. Tous trois âgés d'une quinzaine d'années, leurs vies sont sur le point d'être boulversées...

Les Mystères De Larispem, voilà un roman qui porte extrêmement bien son nom ! Larispem est une ville passionnante regorgeant de mystères et de secrets. On pense savoir dans quelle direction nous partons... Pour finalement emprunter un tout autre chemin. Un roman plein d'action, d'évènements qui s'enchaînent et de surprises, nous n'avons pas le temps de nous ennuyer. Tant de pistes sont ouvertes et peuvent être explorées par la suite, je me demande bien ce que le deuxième tome nous réservera. Malgré un univers bien différent du notre aujourd'hui, c'est un roman qui résonne dans nos esprits. Les Frères du Sang, mystérieux ennemis de la Cité, sont vus à Larispem comme des terroristes. Certaines phrases et réflections seraient donc malheureusement très bien adaptées à notre société...

Une histoire n'est pas grand chose sans ses personnages et il faut dire que ceux-ci sont particulièrement intéressants ! Nous commençons avec Liberté et Carmine, la première assez discrète et la seconde pleine d'énergie, toutes deux citoyennes de Larispem avec leurs caractères bien reconnaissables. Je reconnais avoir eu un petit coup de coeur pour les chapitres de Nathanaël... (L'orphelin, l'école... C'est sûrement "à cause" de mes lectures passées et d'un petit sorcier à lunettes...) Dans tous les cas, chaque page est un vrai bonheur ! Arpenter cette ville et se rendre compte de ses merveilles et de son fonctionnement au fur et à mesure de sa lecture a quelque chose de magique.


Mention spéciale pour le travail de Donatien Mary qui a illustré la couverture, que je trouve sublime, ainsi que les illustrations de présentes à chaque nouveau chapitre. C'est très agréable de découvrir en image un élément important des pages à venir, sans forcément connaître immédiatement la signification de celui-ci. Que ce soit au niveau du texte ou des quelques illustrations, le mystère est omniprésent !

Ne passez pas à côté de ce roman original et entraînant, mêlant secrets anciens et découvertes. Larispem et son histoire sauront vous envoûter, vous ne souhaiterez plus quitter cet univers...

vendredi 15 avril 2016

Clin Tiswoud, Journal d'un menteur professionnel – Estelle Billon-Spagnol


« Salut toi ! Moi, c'est Chico - dit "Clin Tiswoud" - et j'ai une vie... compliquée.
SURTOUT depuis que Maman a décidé d'organiser un anniversaire surprise pour mes 10 ans !! Le truc, c'est que...
JE SUIS UN MENTEUR PROFESSIONNEL.
Je dis aux uns que mon père est pilote, aux autres que j'ai chassé le lion. Alors s'ils sont tous réunis, ils vont me démasquer. Et ça, c'est IM-POS-SI-BLE ! »

Qu'elle doit être difficile la vie de Corentin, Chico, Clin Tiswoud ! En tout cas, la semaine qu'il va devoir vivre, pour tenter d'annuler son anniversaire risque d'être un enfer. Déjà qu'avec trois petites soeurs triplettes, la vie ne doit pas être facile... (Ayant moi même trois petits frères, je sais de quoi je parle !) Chico a beau raconter sans arrêt des mensonges (ce n'est pas de sa faute, c'est plus fort que lui), il a promis de ne nous raconter que la vérité dans son journal. C'est parti pour une semaine compliquée... Entre « l'ABC infernal » (Alice, Béatrice et Clarice), devoir supporter Madame La Maîtresse La Chef, Le Chat qui pue de la bouche mais qu'il adore quand même parce que c'est SON chat, les films de western, les repas avec Mamie sur le toit et la belle Aurélia... La vie n'est d'ordinaire pas simple, alors quand il faut en plus annuler un anniversaire surprise !

Nous avons là un roman amusant et rafraichissant. Il est facile à lire, la narration de Chico est drôle et on se prend vite d'affection pour ce petit Cow-boy du Farouestte de (presque) dix ans. Toujours dans l'humour, un grand nombre de thèmes sont abordés et il existe différents niveaux de lecture. On peut aussi bien le lire à travers les yeux de Chico-Corentin-Clin Tiswoud, à la façon d'un roman d'aventure, ou bien avec un peu plus de recul, en plaignant sérieusement les parents et en comprenant bien plus d'éléments, pas toujours très amusants.


Accompagnant l'écriture extrêmement plaisante d'Estelle Billon-Spagnol, nous avons les illustrations d'Alice A. Morentorn. Elles offrent une véritable identité aux personnages, nous emportant encore un peu plus dans le monde de Chico. C'est agréable, c'est délirant, c'est joli (comme le livre en lui même, qui est superbe), et on en redemande.

Dès les premières pages nous sommes emportés avec ces personnages, si bien qu'il nous est difficile de les quitter une fois le mot fin arrivé... (Et Chico a lui aussi bien du mal à nous quitter !) Ce n'est que ma deuxième lecture de la collection Pepix, et ça m'a donné envie d'en découvrir de nouveaux. Je ne peux que vous conseiller cette petite bulle de bonheur, qui nous rappelle qu'il est important de mordre la vie à pleine dents et que l'aventure peut se trouver à chaque coin de rue !

Alors n'hésitez vraiment pas à découvrir Clin Tiswoud, les aventures (et surtout les malheurs) du plus grand Cow-boy menteur de la cour de récré. Un roman frais et des plus agréables, qui ravira les petits et les plus grands !