Ils sont sept. Sept qui se rencontrent en manifs, dans la révolte, dans le désordre, refusant la vie qu'on leur impose. Ils décident de vivre ensemble, en squat et en meute.
Et au coeur de la meute, il y a Jeanne et Basile, qui découvrent l'amour. Celui qui brûle et transporte.
Il y a des lectures qui changent, qui boulversent, qui transforment.
Ce sont celles qui nous prennent aux tripes et nous embarquent dès les
premières lignes. Dans le désordre en
fait partie.
Il y a ces personnages atypiques que l'on ne peut s'empêcher d'aimer
profondément, qui se rencontrent et qui vivent. Jeanne, Basile, Alison, Lucie,
Jules, Marc, Tonio. Ils se découvrent, on apprend à les connaître, mais
l'impression d'avoir toujours vécu avec eux reste tenace. Animés de sentiments
puissants, ils partagent avec nous leur rage, leur colère, leur envie d'un
monde nouveau, d'un monde plus juste, d'une vie différente. Et avec tout ça,
ils deviennent nos amis. C'est pourquoi le temps passé en leur compagnie nous
semble à la fois beaucoup trop court et tellement long.
Difficile de trouver les mots justes pour décrire ce dans quoi
Marion Brunet nous emporte. C'est une lecture coup de poing, avec des pages défilant
à une vitesse incroyable et une fin qui arrive bien trop vite. L'émotion qui
prend à la gorge, qui nous empêche de penser à autre chose, qui nous interdit
de fermer le livre. Les mots virevoltent et nous emmènent dans un monde si
semblable au nôtre, mais si différent...
Ils se taisent. Et puis ils
se mettent à rire, en salves béates, en complicité émue. Se souviennent que la
fête continue, à coups de corps dansants, de mots hurlés pour être entendus, de
sons élastiques et flous qui remontent jusqu'à eux. Ils s'en foutent puisqu'ils
brûlent, qu'ils sont une fête à eux tout seuls.
Ce sont des vies qui s'entremêlent et se lient, tout en changeant
irrémédiablement. Des moments de joie, d'autres de désespoir, mais reste le
sentiment d'appartenance à un groupe. Ce sentiment qui permet de penser que
l'on a trouvé sa place dans un monde souvent hostile. C'est ce qui lie Jeanne
et Basile, qui les fait vivre pleinement lorsqu'ils sont ensemble et qui nous
fait plonger avec eux dans la folie de se penser que jamais rien ne pourra nous
atteindre.
Au-delà d'une simple
lecture, c'est un coup-de-coeur pour cette histoire et ces personnages qui se nichent
si facilement en nous. Un roman qui renverse tout sur son passage, ne passez pas
à côté.
- Bon, vous savez qu'on va
quitter notre squat, tous les trois.
C'est pas une question ;
les autres attendent la suite. Marc les regarde tous un par un, pose sa bière
et croise les bras.
- Ça vous dirait d'en
ouvrir un nouveau, ensemble ?
Tonio et Basile ne
répondent pas, puisqu'ils participent à la question. Ils ont dû en parler
ensemble, déjà. Tous trois fouillent dans les yeux des autres une étincelle
d'envie.
- Nous sept ? demande Jeanne.
- Nous sept ? demande Jeanne.
- Oui.
Un silence radieux et plein
de questions muettes flotte au-dessus de leurs verres vides. Tonio fait signe à
Slimane, qui remet une tournée. En accord parfait, ils attendent le retour de
leurs bières avant de trouer le silence. Autour d'eux, des tablées discutent et
rigolent. Iggy Pop entonne The Passenger, et ça remue Jeanne jusqu'aux tripes.
Désormais, elle associera toujours ce morceau à l'instant crucial, cet instant
rempli d'électricité, de doute et de promesses, où l'énormité du virage les a tous
sidérés.
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