Les Mondes de Clèm: Concours
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dimanche 17 avril 2016

Concours d'écriture 2016

Bonjour chers lecteurs !

Le mois dernier, le blog a fêté ses quatre ans. À cette occasion, j'ai décidé d'organiser le troisième concours d'écriture depuis sa création en mars 2012... 


Votre réveil sonne. Un matin des plus ordinaires. Mais pourtant, vous vous sentez plus jeune. Cela fait même longtemps que vous n'aviez pas entendu ce réveil... 

Que feriez-vous si vous vous réveilliez quatre ans en arrière, pour une journée ?


Les éditions Sarbacane s'associent au blog pour ce concours et ont accepté d'offrir au gagnant un livre, au choix. En voici quelques uns, pour vous donner une idée ! Cliquez sur les couvertures pour lire mes articles...

       

Tous de très bons livres, que je ne peux que vous conseiller !

Comment participer ?

- Écrivez votre texte, correspondant au thème expliqué plus haut. Que feriez-vous si vous vous réveilliez quatre ans en arrière, pour une journée ? Pour les quatre ans du blog, revenons quelques années en arrière ! En dehors de cela, vous avez toutes les libertés dans ce que vous écrivez. Lâchez-vous !


- Votre texte devra faire entre 800 et 8 000 mots !

- Envoyez-le moi avant le 21 mai 23h59 à cette adresse : lesmondesdeclem[at]hotmail.fr (n'oubliez pas de remplacer [at] par @)

- Dans votre mail, précisez vos nom, prénom et âge.

- Les résultats seront annoncés en mai sur le blog et le gagnant sera contacté par mail. 

- N'hésitez pas à aller liker la page facebook du blog et à partager ce concours ! 

À vos crayons, je compte sur vous !

mercredi 7 mai 2014

Cher Isaac - Tom



Tom a gagné ex-æquo le premier prix  du concours d'écriture organisé pour les deux ans du blog. Émouvant, son texte est à la hauteur du fabuleux roman de John Green, Nos Étoiles Contraires. 
(Attention : Si vous comptez lire le livre un jour et que ce n'est toujours pas fait, ne lisez surtout pas ce texte, sauf si vous tenez à gâcher votre lecture ou si vous vous êtes déjà fait spoiler la fin du roman ! Si vous l'avez déjà lu, allez-y...)

Cher Isaac, mon pote,
Ca me fait étrange d’écrire des mots qu’une autre personne te lira sûrement.
Tu sais, j’ai peur, Isaac, j’ai peur de ce qui va arriver.  Et surtout, j’ai peur de l’oubli. Tomber dans le néant, n’être qu’une poussière dans cette putain d’histoire de l’humanité. J’ai peur qu’on oublie ce que j’ai fait, même si ce n’est rien, même si c’est superficiel. J’aimerais rester dans les mémoires et être celui sur qui on dit « quel gâchis, un si beau mec »… En fait, j’ai peur que le monde oublie que j’ai existé dans cette masse insoupçonnée de moutons qui évoluent sans cesse vers un seul et même but de vivre heureux en sachant qu’au bout il ne trouveront que le vide.
Bon je sais pas si c’est la bonne manière de t’écrire aujourd’hui la seule chose que je vais réussir à faire c’est bousiller tes yeux de robot qui vont griller sous le coup des larmes et tu seras bien embêté… je te suivrais jusqu’au bout tu vois ! Si tu crois que mes asticots viendront pas te bouffer toi aussi…
En vrai, le simple fait de t’écrire me console d’une chose : tu auras encore un bout de moi après ma mort. Il y aura encore ma voix, même de papier, qui te murmura quelques mots alors que je ne serai plus là, que je commencerai tout doucement à tomber dans l’oubli. Juste un plissement de papier, ou même une déchirure si tu décides de ne pas la lire. Je finirai dans un pli, un avion en papier, une déchirure ou dans le feu. Mais j’aurai une seconde fin.
Alors je t’ai fait une liste de choses à faire sans moi avant de mourir… c’est important attention. Bon ok tu as le droit de pas la faire c’est juste vivement conseillé.
1. Joue et gagne des milliers de parties de jeux-vidéos. Joue comme tu n’as jamais joué avec cette voix débile et nasillarde qui ne te dira jamais ce qu’il faut faire comme tu le fais si bien. Perds-en aussi, perds en des millions parce que quand même j’ai toujours été meilleur que toi.
2. Va à Amsterdam, pour découvrir un monde à part, une silhouette de l’infini, juste un aperçu d’un monde différent.
3. Achète-toi des yeux de robots. Tu sais, quand tu m’as fait ton discours je te l’aurais jamais avoué de vive voix mais ça m’a brisé le cœur et en même temps je me suis dit que j’avais une putain de chance de t’avoir, mon pote. (Il y a des mots dans la vie qu’on ne peut oublier. Je ne sais pas s’il y en a aussi après, mais je sais que les tiens méritent d’être immortels.). Tu vis de quoi quand t’es seul, sérieusement ? Tu vis de quoi ? Une vie seul ça rime à rien. Bref je divague disons qu’on peut en faire deux en une alors, de choses à faire mais achète toi des yeux de robots, juste pour continuer à voir le monde, les couleurs, les jeux vidéos, les filles et ce qu’on peut voir qu’avec les yeux de robots.
4. Avec ou sans yeux de robots (sans, tu auras à jamais toute ma reconnaissance de mort bouffé par les asticots), lance toute une boîte d’œuf sur la voiture d’une pauvre fille qui t’aura quitté, toute, sans en manquer un seul (si tu trouves l’amour de ta vie tout de suite sans ruptures recommence avec Monica).
5. Va au groupe de soutien même si c’est difficile, pour rire encore de Patrick et de son cancer des testicules. Même si c’est con et méchant, ris pour moi. Laisse échapper ton rire, même devant lui ça serait encore plus drôle. Ouais, ris. Tu le laisses monter. Tu souris, jusqu’aux oreilles, ce grand sourire que tu sais si bien faire… Puis au moment où tu essayes en vain de te retenir, tu éclates. Ton rire explose comme un grand gong dans l’église à mon enterrement. Comme ces cloches tragiques. Et là tout l’air autour de ton corps se retrouve saturé de particules de toi. Tu es l’air, l’air est toi. Tout est toi. C’est juste… magique. Et les autres, ils peuvent plus que te regarder, obliger de fixer tes yeux, obliger de te regarder alors que t’as cette nouvelle différence qui change tout. Pendant quelques secondes, le monde t’appartient.
6. Puis il se perdra dans le vide mais de toute façon nous savons tous que nous sommes voués à l’oubli. Alors promets-moi de ne pas y penser et juste de le vivre, cet instant. Et puis tous les suivants. Vivre, juste de profiter à fond de la vie et de te dire chaque jour en te levant je pourrais mourir ce soir alors pourquoi pas tout faire aujourd’hui ? Puis tu te coucheras en te disant que tu as survécu à une journée de plus et que c’est le dernier soir de ta vie passée… 
7. Promets-moi de veiller sur Hazel, je t’en prie. Elle le mérite. Et dis lui que je veux être avec elle que je veux qu’elle soit vivante à jamais et heureuse qu’elle est la meilleure qu’elle est juste merveilleuse que je l’aime.
8. Et promets-moi d’être heureux. Juste parce que c’est ce qui compte, d’être heureux. Même si on est des moutons qui allons tous vers ce but, y a peut-être quelque chose de bien plus grand que ce que je m’imagine, avant ce vide ? On évolue tous vers ce but. On a beau se heurter à tous les obstacles possibles et imaginables, à passer par Disneyland parce que c’est notre vœu de gosse et pourtant on se trompe… Même si le monde n’est pas cette merveilleuse fabrique de rêves, de vie, de souhaits, et bien on cherche à ce qu’il le devienne, à ce qu’il vous émerveille chaque jour un peu plus, à ce qu’il vous fasse vivre comme vous n’avez jamais vécu. En fait, peut-être que tout doit vraiment commencer par Disney… peut-être que c’est pour ça que je suis mort ? (Je rajoute une 9ème chose à faire : va à Disney). Alors sois heureux, fais que la pluie ne se lève jamais ou qu’elle s’éteigne toujours.
Je t’aime, mon pote.

Augustus

Il faut tenter de vivre - Vavi


Vavigagné ex-æquo le premier prix  du concours d'écriture organisé pour les deux ans du blog. Elle nous offre ainsi une suite touchante et pleine d'émotions au merveilleux Chant du Troll de Pierre Bottero et Gilles Francescano (Attention, si vous ne l'avez pas lu, ce texte contient des spoilers)

Il faut tenter de vivre


Au chapitre 37, le livre s’arrête, mais le mot « fin » n’a pas été posé.
Parce qu’il existe toujours un Ailleurs, un Après.
Un Au-delà.

Ce texte est une invitation, une porte vers cet Ailleurs que vous pouvez choisir de pousser… Si vous le désirez.

« On a toujours le choix… Il suffit de faire le bon. »



38.

Trois petits coups sur la porte.

Pam. Pam. Pam.

- Pauline ?

La porte s’ouvre, doucement, sur la mère de Léna. Ses yeux sont rougis, et son visage creusé.

- Je crois qu’il faut qu’on parle, toi et moi. Qu’on aille marcher un peu.

Doucement, presque timidement, le père de Léna glisse sa main dans celle de sa femme. Elle ne résiste pas, mais reste silencieuse.

- Viens. Je t’emmène faire un tour dans le vieux port.




39.

- Un, deux, trois,
Trois à trois,
Toi et moi.

L’univers tout entier s’écroule, se délite.
Se désagrège.

- Un, deux, sans trois,
Et puis quoi…
La vie peut-elle continuer sans toi ?




40.

Ils marchent sous la fine pluie de novembre. Une pluie froide, qui les glace jusqu’aux os.
Mais les parents de Léna ne ressentent plus la morsure du froid. Leur esprit est tout entier empli de cette absence qui les hante.

La douleur infinie de celui qui reste,
Comme un pâle reflet de l’infini voyage
Qui attend celui qui part.



41.

Le vent souffle, déchaînée, et la mer est agitée. Les parents de Léna se sont avancés jusqu’au bout de la jetée, jusqu’à ne voir plus que l’horizon, sombre et gris, et y perdre leurs regards. Antoine pleure en silence, et ses bras entourent le corps frêle de Pauline.
Elle, sanglote doucement et son corps tressaille de cette douleur profonde qui lui remplit le ventre, la tête et le cœur. Ses pleurs se mêlent aux gouttes de pluie sur ces joues glacées.

- Léna…

Le nom de leur fille est noyé par l’assourdissant vacarme de la houle, allant se perdre dans la tempête naissante.
Il disparaît, tout comme disparaît peu à peu de le visage de leur enfant, son odeur.
Impalpables.

Plus Pauline s’accroche à ses souvenirs, désespérée, plus ceux-ci semblent lui échapper. Seul persiste, invincible, le rire cristallin de Léna, ce rire qui la réconforte et l’abat encore un peu plus.

- LÉNA !

Le monde est vide.
Vide comme les bras de ces parents qui ont perdu leur enfant.
Vide comme le cœur de Pauline.



42.

Ils sont restés ainsi un temps qui leur a paru infini, hors du monde.
L’univers s’était arrêté de respirer devant la douleur d’une famille brisée.

Quand enfin leurs yeux ont été vides de larmes, quand enfin leurs corps ont pris conscience de la tempête, alors ils sont repartis, doucement, en silence.

- Il faut que je te montre quelque chose, Pauline.



43.

Ils sont là.

Elle, assise au bureau, en train de lire une liasse de feuillets devant l’ordinateur enfin éteint, lui, agenouillé à ses côtés, guettant le moindre tressaillement de son visage, observant la plus infime de ses réactions, attendant qu’elle se prononce.

Elle tourne la dernière page, bat des paupières pour tenter de dissimuler les larmes qui, soudain, embuent ses yeux.
Renonce.
Enfouit le visage dans le cou de son mari.
S’accroche à lui comme à une bouée.
Se met à pleurer.

Il a passé la main dans les cheveux de sa femme et les caresse doucement en lui murmurant des paroles apaisantes à l’oreille.

- Elle me manque, hoquette sa mère. Elle me manque tellement.

- Je sais. Elle… Elle me manque aussi.

Pourtant, tout doucement, ils remarquent inconsciemment que l’absence de leur fille se fait moins forte, moins profonde.

Quelque part, à la fois très loin et tout proche, le cœur de Léna bat à mille à l’heure.
A l’unisson avec celui de ses parents.

Il leur semble alors qu’elle referme les bras sur eux, se serre entre leurs bras.

-Tout va bien, murmure-t-elle, ou peut-être est-ce le vent. Tout va bien.

Alors ils mêlent leurs larmes aux siennes, invisibles.

- Un, deux, trois,
Trois à trois,
Toi et moi.

Léna hésite, n’a pas envie de se lever, préfèrerait se noyer dans sa douleur, disparaître dans ses souvenirs, oublier de vivre pour oublier sa mort, mourir peut-être. Sans doute.
Elle se lève.
Continuer. Elle doit continuer.
Juste continuer.

- Un, deux, trois,
Ne m’oubliez pas,
Le vent se lève, il faut tenter de vivre sans moi.