Pauline V., lectrice de Pierre Bottero, a écrit un article du point de vue d'Ellana (ma chronique du premier tome ici)... Je vous laisse le découvrir !
Bonjour, je me présente, je suis Ellana Caldin. J’ai accepté d’écrire pour
rendre hommage à un ami. Un ami qui m’était très cher... Et comme le savent
ceux qui me connaissent ou comme l’apprendront ceux qui ne me connaissent pas
encore, lorsque je me fais des amis c’est un lien incassable qui se crée... Cet ami est l’écrivain Pierre Bottero (13 février 1964 - 8 novembre 2009)
qui, en me quittant, a laissé un grand vide...
Notre première rencontre, un début prometteur
Tout
commence, lorsqu’il arrive pour la première fois en Gwendalavir, mon monde.
Pierre Bottero vient de la Terre et pourtant, il peut voyager entre nos deux
mondes d’une façon étonnante. Il lui suffit de pousser la porte de son
imagination... Jusqu’à présent c’est la seule personne venant de Terre à avoir
réussi cet exploit. Aujourd’hui encore, certains de nos chercheurs cherchent à
comprendre comment cela peut être possible.
Il arrive
totalement désemparé dans un monde qu’il ne connaît pas, mais il réussit avec
une étonnante facilité à comprendre et à s’intégrer à notre monde. Nous nous
sommes rencontrés totalement par hasard dans une taverne tenue par un ami. Il
dégage une telle sincérité et une gentillesse qui ne trompe pas... Ce n’est
pourtant pas cela qui me pousse à sa rencontre, mais son étrangeté et
l’impression que ma route mène vers lui. Je m’assois donc près de lui et, sans
avoir besoin de lui poser une seule question, il commence à me raconter son
histoire en détails, sa vie, son quotidien dans son monde...
Une fois son
récit terminé, c’est à moi, qui suis d’ordinaire secrète, d’offrir à cet
inconnu tous les détails sur les aventures qui me sont récemment arrivées.
Lorsque le
jour vient taper aux fenêtres, nous nous fixons tous deux rendez-vous,
silencieusement, conscients qu’un lien s’est créé sans qu’aucun de nous ne l’ai
décidé. Loin de me rebeller, je me laisse aller à cette nouvelle amitié et je
le considère déjà comme faisant partie des rares personnes à qui je peux
accorder ma confiance...
C’est ainsi que j’ai rencontré cet ami, qui aujourd’hui me manque, comme
une partie de mon âme envolée à jamais...
Par la suite
nous nous recroisons à de nombreuses reprises. Je lui fais rencontrer mes amis
les plus proches : Ewilan, Salim, Edwin,
Bjorn, maître Duom... Il sait
s’attirer la sympathie de tous et très vite entre dans notre groupe.
Cependant, il a une idée en tête...
Il souhaite
raconter nos aventures dans des livres, dans son monde... Edwin, Duom et moi
sommes contre, nous savons que cela peut nous causer des problèmes. Il nous
explique donc qu’il l’inclura dans un genre fantastique et qu’ainsi les
lecteurs ne croiront pas en notre existence. Cet argument met fin à nos
protestations. Chacun à notre tour, nous lui faisons une description précise de
tout ce qu’il s’est passé dans nos vies depuis l’arrivée d’Ewilan et de Salim
jusqu’à notre départ dans la grande plaine. Je me livre à cet exercice avec
joie.
Pourtant, il
me l’avoue, il y a quelque temps je fus un personnage difficile à cerner, qu’il
mit de nombreuses heures à mettre en forme pour qu’elle me ressemble. Un
personnage à la fois féroce et tendre, un personnage qui devient de plus en
plus important au fil de l’histoire, une femme pleine d’une sensualité animale
qui cherche à tout prix la liberté et qui pourtant s’attache de façon
inconditionnelle à ses amis, à tel point qu’il lui est parfois difficile de les
quitter, un personnage qui se distingue aussi par son mystère, en somme un
personnage plein de contradiction qui ne le rend que plus réaliste.
Je lui révèle
certains secrets marchombres qui
selon lui donnent une âme au personnage, mon âme. Il sait décrire la complexité
du marchombre, et la magnificence de la voie, Cependant, la voie du marchombre
reste secondaire dans les deux trilogies d’Ewilan car il se concentre sur les
dessinateurs.
Il nous
apprend plus tard que ces deux trilogies ont eu un franc succès auprès des
adolescents de son monde, ce qui nous ravit tous.
Une ombre...
Lorsque
Pierre Bottero eut fini ces deux trilogies il avait l’intention d’arrêter
d’écrire sur nous, ayant écrit tout ce qu’il voulait écrire. Cependant, un soir il vient chez moi sans que
je m’y attende et m’avoue ne pas réussir à me laisser partir. Il veut tout
savoir de moi et de ma vie pour en faire une troisième trilogie. J’en suis
agréablement surprise, mais aussi très inquiète. Ma vie est faite de secrets,
puis-je me laisser aller à raconter ma vie pour qu’il l’écrive ? Il
insiste et veut écrire cette trilogie, m’avouant même qu’il pense à moi
quotidiennement et que je finis par le suivre comme une ombre à chaque moment
de sa vie.
"Lorsque
j’ai posé le dernier mot du dernier tome de la sage d’Ewilan, je pensais que
chacun de ses compagnons avait mérité le repos. Que chacun d’eux allait suivre
son chemin, chercher son bonheur, vivre sa vie de personnage libéré par
l’auteur après une éprouvante aventure littéraire. Chacun ? Pas Ellana.
Impossible de la quitter. Elle hante mes rêves, se promène dans mon quotidien,
fluide et insaisissable, transforme ma vision des choses et ma perception des
autres, crochète mes pensées intimes, escalade mes désirs secrets... Un auteur peut-il tomber amoureux de l’un de ses
personnages ? Est-ce moi qui ai créé Ellana ou n’ai-je vraiment commencé à
exister que le jour où elle est apparue ? Nos routes sont-elles liées à
jamais ?" - Pierre Bottero, préface du Pacte des marchombres,
Ellana
... avec une histoire à raconter
(ATTENTION SPOILERS TOME 1, 2 ET 3 !!!)
Je finis par
accepter, et lui raconte tout. Il réussit à percer beaucoup de mes secrets, et
ce qui fait de moi qui je suis... Nous avons commencé par mon enfance, presque
entièrement oubliée et pourtant c’est grâce à elle que je suis devenue ce que
je suis. Orpheline dès mes 5 ans, je ne me souviens que très peu de mes parents
(tués par des raïs, êtres monstrueux aiment tuer les hommes), je suis
recueillie par les petits (petits êtres, vivant dans la forêt et adorant les
framboises). Les petits n’étant pas très vigilants, je prends souvent des
risques en sautant de branches en branches... C’est ce qui me permet de ne pas
avoir peur des risques, sans même avoir appris la définition de ce mot. Ma vie
avec eux est heureuse, et entièrement libre, ce qui explique ma soif de liberté
encore aujourd’hui. Les petits m’appellent Ipiutiminelle,
et jusqu’à ma préadolescence (vers 13 ans) je reste avec eux.
Cependant je
rêve de voir le monde au dehors de la forêt. Je pars donc et c’est là que
commence mon grand voyage, J’arrive dans une ville, où je suis très dépaysée,
mais j’apprends vite à me débrouiller et une enfant que j’ai sauvé, Nahis, me
donne mon prénom, Ellana. Je choisis très vite de ne pas rester en ville, je
fais donc partie d’une caravane qui va vers le nord. Dans celle-ci je rencontre
Sayanel, un marchombre qui m’entrouvre la voie des marchombres mais qui une
fois le voyage finit doit partir.
Ce n’est que
quelques mois plus tard que je rencontre Jilano, mon maître à qui j’ai donné 3
ans de ma vie pour qu’il m’apprenne l’art d’être marchombre.
Durant ces
trois années j’ai de nombreuses aventures. J’ai notamment la greffe, qui n’est
pas accordée à tous les marchombres, et qui me munit de 3 griffes sortant directement
de mes mains. Peu après mes 3 ans avec Jilano, il se fait tuer, ce qui m’emplit
de rage envers son assassin que je promets de retrouver. C’est peu après que je
fais la rencontre d’Ewilan et de tout le groupe. Ewilan devint ma sœur de cœur,
Edwin l’amour de ma vie et Salim mon élève pendant 3 ans. C’est à lui que
j’apprends tout ce que je sais. Les autres seront des amis pour la vie.
J’ai bientôt
un fils, Destan, mais il est enlevé par les mercenaires du chaos (version
maléfique des marchombres) en me laissant pour morte. Fort heureusement, je
réussis à retourner là où tout a commencé, c’est-à-dire chez les petits pour me
remettre de ma blessure. Une fois remise je traque les mercenaires du chaos et
je récupère mon fils grâce à l’aide et à la générosité de mes amis. Aujourd’hui
toutes ces aventures et ces souffrances sont dernière nous, et nous avons
reconstruit notre vie.
Si aujourd’hui je sors de l’ombre, c’est pour lui...
Pierre
Bottero
Je ne peux
que rendre honneur à cet écrivain qui a su si bien me définir et me décrire, et
à cet ami qui a compris qu’en racontant, je guérirais de mes démons... Si
aujourd’hui je sors de l’ombre, c’est pour lui, cet ami décédé le 8 novembre
2009, cet ami qui manque à ma vie, pour lui rendre hommage et le remercier de
m’avoir fait vivre aussi dans votre monde. Car, que je sois réelle ou de papier
je lui dois la vie, et pour cela un mot suffit,
MERCI !
Absence, manque, tristesse infinie...
La douleur infinie de celui qui reste
RépondreSupprimerComme un pâle reflet de l'infini voyage
Qui attend celui qui part
♥
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