Les Mondes de Clèm: février 2016

jeudi 25 février 2016

La Passe-Miroir : Livres 1 et 2 - Christelle Dabos

 

Quatrième de couverture du premier tome : Les Fiancés de l'Hiver
Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l’arche d’Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d’un complot mortel.

J'ai beau apprécier un très grand nombre de livres car je ne suis pas une liseuse difficile, certains univers nous marquent plus que d'autres. L'univers de La Passe-Miroir est l'un des plus extraordinaires que j'ai eu la chance de découvrir et en sortir n'est pas une chose aisée. J'avais découvert le premier tome en mars 2014 et ça avait été une énorme surprise pour moi. Même si je n'avais pas écrit d'article sur le blog, j'en gardais toujours un excellent souvenir et j'avais plus que hâte de m'immerger à nouveau dans cet univers grâce au deuxième tome. Malheureusement, le temps est passé et est arrivée la crainte de ne plus me rappeler suffisamment de l'histoire au moment de commencer Les Disparus du Clairdelune. J'en ai donc profité pour relire le premier tome et enchaîner avec la suite...

En 2014, j'avais dit que l'histoire, les personnages et l'univers étaient hors du commun. C'est quelque chose que je peux réaffirmer sans aucun problème. Christelle Dabos nous emporte dans son monde. Un monde qui apparaît comme de plus en plus surprenant, avec son lot d'émotions et de retournements de situation. Il est impossible de s'ennuyer une seule seconde car c'est un univers si riche qu'il se passe toujours quelque chose. Entre deux chapitres, pendant une pause, on croirait presque qu'Ophélie va continuer sa vie sans nous. C'est selon moi ce à quoi nous pouvons reconnaître un monde extraordinaire. Il existe une multitude de personnages et je suis certaine que chacun aurait une histoire passionnante à nous raconter. Il nous est possible de visualiser chaque endroit par lequel nous sommes passés. On croirait même pouvoir passer les miroirs une fois le livre terminé...



« – Je ne saisis pas bien lequel de mes avertissements vous a échappé.
– Vos avertissements, ce n’étaient que des mots pour moi. J’ai besoin de voir votre monde de mes yeux.
Ophélie s’était levée de sa chaise pour essayer de lui parler en face, mais c’était impossible avec ce cou coincé devant un homme aussi grand. Elle avait à présent une vue imprenable sur la montre à gousset de Thorn, dont la chaîne pendait à l’uniforme.
– Avec la complicité de qui êtes-vous sortie ?
– De votre porte arrière. Je l’ai apprivoisée. »
Extrait du premier tome : Les Fiancés de l'Hiver

Que ce soit dans le premier ou le deuxième tome, les protagonistes sont minutieusement travaillés et deviennent des compagnons, bien plus que de simples personnages de papier. Ils évoluent à travers les pages et nous laissent entrevoir leurs envies, leurs secrets, leurs peurs... Sans que rien de tout cela ne soit prévisible ! La maladroite Ophélie est attachante dès les toutes premières pages. C'est un personnage comme on en voit peu, plutôt éloigné des héroïnes habituelles. Avec sa facilité déconcertante pour tout casser ou renverser sur son passage, son écharpe à trois couleurs toujours autour du cou et ses talents de liseuse peu ordinaires, on ne peut que se lier d'affection et se reconnaître parfois en elle. Et malgré les hauts et les bas dans leur relation avec Ophélie, on se lie aussi bien vite à sa tante Roseline, au froid et impassible Thorn, à la blonde Berenilde, au charmeur Archibald, au fidèle Renard, à la mystérieuse Gaëlle... Ils sont tous reconnaissables entre mille et, chose rare, les descriptions sont si précises qu'il m'est possible de les imaginer dans les moindres détails sans aucun problème.

Le premier tome, Les Fiancés de l'Hiver, est paru en juin 2013 en tant que vainqueur du concours du premier roman organisé par Gallimard Jeunesse. Il était ouvert à tous les auteurs en devenir n'ayant encore rien publié. Quelle joie d'avoir pu découvrir cette magnifique saga ! Il aurait été extrêmement dommage de passer à côté. C'est en effet une série qui mérite l'engouement du public et que je ne peux que vous conseiller si vous ne la connaissez pas encore. Avec un premier tome envoûtant et un deuxième tome plus sombre et mystérieux, Christelle Dabos nous happe, impossible d'y échapper.

Alors n'hésitez plus. Allez arpenter les rues de la Citacielle, perdez-vous dans le domaine du Clairdelune, découvrez les secrets et intrigues de la Cour et de l'esprit de famille Farouk. Il vous sera impossible de regretter le voyage...

lundi 8 février 2016

Qui es-tu Alaska ? - John Green



La vie de Miles Halter n'a été jusqu'à maintenant qu'une sorte de non-événement. Décidé à vivre enfin, il quitte le cocon familial pour partir dans un pensionnat loin de chez lui. Ce sera le lieu de tous les possibles. Et de toutes les premières fois. C'est là aussi qu'il rencontre Alaska. La troublante, l'insaisissable et insoumise, drôle, intelligente et follement sexy, Alaska Young.

J'écris ces mots alors qu'il me reste quarante pages à lire, sur les 403 de ma version du livre. La fin approche à grands pas. Et je n'ai pas envie... Depuis le début de ma lecture, je suis immergée dans l'univers de Miles Halter et j'ai tout découvert en même temps que lui. Son entrée à Culver Creek, sa rencontre avec le Colonel, qui partage sa chambre, et la découverte d'Alaska. La fameuse Alaska... Je la qualifierais de mystérieuse et d'atomique. Comme une bombe, sur le point d'exploser et de tout ravager sur son passage. Si Hazel* se disait être une grenade, c'est dans une certaine mesure aussi le cas pour Alaska. Miles l'adore immédiatement et c'est aussi le cas pour nous. C'est un personnage comme on en voit peu, dégageant une aura extraordinaire grâce à leur description et leur façon d'agir. Elle nous apparaît à l'exact opposé de Miles, au départ réservé et discret. 

Je mourais d'envie de m'allonger contre elle, de la prendre dans mes bras et de dormir. Pas de baiser, comme dans le film. Pas même de faire l'amour. Juste de coucher ensemble, au sens innocent du terme. Mais je manquais de courage et elle avait un copain et j'étais gauche et elle était sublime et j'étais désespérément ennuyeux et elle était infiniment captivante. Alors je suis retourné dans ma chambre et je me suis écroulé sur mon lit, en me disant que si les gens étaient de la pluie, j'étais de la bruine et elle, un ouragan.

Ce n'est pas la narratrice mais il est évident qu'elle est le personnage principal de toute l'histoire. Du titre à la page 358 sur 403, où j'en suis, on ne parle que d'elle. Et je sais que c'est loin d'être terminé. C'est ici que je vois le génie de John Green. Il nous raconte l'histoire d'Alaska Young, à travers les yeux de Miles. Nul doute que tout aurait été différent si elle avait raconté sa version des faits. Car alors que la fin approche, je suis toujours dans le doute. J'ai l'impression de ne jamais pouvoir réussir à cerner qui elle est et ce qu'elle pense réellement. Le mystère Alaska Young reste entier...

C'est la première fois que je commence à écrire un article alors que je n'ai pas terminé le livre. Mais ce roman est particulier. Je n'ai aucune idée de ce que me réservent les dernières pages. Une chose est sûre : pour le moment j'ai beaucoup souri, mais quelques larmes se sont aussi invitées... Et c'est une des raisons pour lesquelles j'adore cet auteur. En quelques chapitres seulement, il nous fait passer par tous les états possibles et imaginables. La joie, l'espoir, la tristesse, le désespoir... Nous ne sommes jamais épargnés.

Il est maintenant l'heure de lire les dernières pages, tout cela avec un peu d'inquiétude...

Livre terminé, dernière page tournée. Une fin magnifique que j'ai adorée. Ces pages me réservaient encore beaucoup de surprises. J'en ai vu une arriver un peu avant Miles et ses amis, mais cela ne m'a pas dérangée. Tout ce que je pensais à propos de ce livre avant d'en lire la fin se trouve renforcé. J'ai vraiment passé un excellent moment de lecture et je ne regrette pas de m'être enfin mise à ce roman que plusieurs amis me conseillaient très fortement. Vous ne pourrez plus me regarder de travers en m'expliquant que lire ce livre est une nécessité absolue ! (N'est-ce pas Elora ?) 

Aujourd'hui, c'est donc moi qui vous conseille ce roman, si vous ne l'avez pas encore lu. John Green joue avec les mots d'une façon remarquable, nous livrant une histoire sublime et extraordinaire. Parfois douce, parfois violente, elle ne peut que nous faire penser et réfléchir. Je peux vous assurer que la jeune Alaska Young et ses mystères ne vous laisseront pas indifférents. 

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*Dans Nos étoiles contraires aussi écrit par John Green (mon article ici, un des premiers publiés sur le blog).

jeudi 4 février 2016

J'étais Là - Gayle Forman



Quand j'ai appris la mort de Meg, j'ai cru qu'elle me faisait une blague. Une de celles dont elle avait le secret.
Elle avait tout prévu : la méthode, le lieu, ce qu'il faudrait faire de ses biens. Et même ce fichu mail, envoyé en différé, annonçant qu'elle en finissait avec la vie.
Ensuite, il a fallu affronter la pitié des habitants de Plouc-la-ville. Faire face aux questions que je lisais sur tous les visages. Oui, Meg était ma meilleure amie. Non, je n'étais pas au courant.
Pourquoi ne m'avait-elle rien dit ? Elle avait eu besoin de moi, et je n'avais pas été à la hauteur.
Pourtant, j'étais là.

Gayle Forman m'avait déjà embarquée dans son univers avec Si je reste, cependant j'avais été un peu déçue par ce premier tome (ce qui n'avait pas été le cas avec la suite, retrouvez mon article ici). J'attendais énormément de ce nouveau roman.

Le résumé semblait prometteur, les personnages complexes et intéressants. C'est en effet le cas, nous découvrons une histoire surprenante qui tient en haleine le lecteur, avide d'en savoir plus. Malgré cela, il m'a manqué un petit quelque chose pour qu'il s'agisse d'un coup-de-coeur. Je ne pourrais pas expliquer exactement de quoi il s'agit. Dans certaines histoires, nous sommes pris d'affection pour des personnages, des tournures de phrases ou bien un récit passionnant... Quelque fois ça nous accroche, d'autres fois un peu moins.

Dès les premières pages, je me suis pourtant immergé dans la vie de Cody, qui vient de perdre sa meilleure amie. Elle m'a transmis sa douleur, mais surtout son incompréhension. Comment la joyeuse et extraordinaire Meg avait-elle pu faire une chose pareille, laissant derrière elle ses amis, ses parents et son petit frère ? Cody ne le comprend pas. Nous suivons son chemin, dans lequel elle tente de faire émerger des réponses. Que faire lorsque l'on se rend compte que sa meilleure amie nous a caché un grand nombre de choses sur sa vie ?

Cody est un personnage très intéressant. Elle est pleine de remords de n'avoir rien vu venir, n'a jamais connu son père et mène une vie difficile avec sa mère qui enchaîne les petits copains. Elle rencontre Ben McCallister que Meg semblait plutôt bien connaître, chanteur d'un groupe de musique. Si Cody a du mal à le cerner pendant toute l'histoire, il me semble que le lecteur voit tout de suite de quoi il est question. Le garçon en question n'est pas méchant et est tout autant affecté par la mort de Meg. Il me semble pourtant qu'il manquait un petit quelque chose à ces deux personnages pour qu'ils prennent plus d'importance pour moi.

Après avoir tourné la dernière page, j'ai le sentiment d'une excellente lecture mais qui malgré tout ne restera pas gravée dans ma mémoire pour toujours. Le fil conducteur du roman tient la route, mais j'aurais espéré un peu plus de rebondissements, de ces moments où l'on reste scotché sur notre livre, incapables de croire ce qui arrive. J'ai attendu, mais la révélation tant attendue n'a pas eu lieu. Mais est-ce que ces moments existent dans la "vraie vie" ?


J'étais là est donc un roman que je vous conseille si vous voulez passez un très bon moment de lecture. Même si la petite étincelle d'un livre coup-de-coeur n'était pas là, on ne peut s'empêcher de se dire : Allez, encore un chapitre et j'arrête !