Éditions Flammarion
Paru en octobre 2012
502 pages
« Le cirque arrive sans crier gare.
Aucune annonce ne précède sa venue, aucun avis, aucune affiche sur les poteaux de la ville, aucune mention, aucune publicité dans les journaux locaux. Simplement il est là, quand la veille il n’y était pas.
Les imposants chapiteaux sont rayés de noir et blanc, aucune trace d’or ou de pourpre. Pas la moindre couleur hormis celle des arbres voisins et de l’herbe des champs environnants. Des rayures noires et blanches sur un ciel gris ; d’innombrables chapiteaux de toutes tailles et de toutes formes, enchâssés dans une grille ouvragée en fer forgé qui se dresse au milieu d’un univers terne. Le peu d’espace au sol que l’on distingue de l’extérieur est noir ou blanc, recouvert de peinture, de poudre ou camouflé par un quelconque artifice.
Mais il n’est pas ouvert au public. Pas encore.
En quelques heures, toute la ville est au courant. L’après-midi, la nouvelle a fait le tour de la région. Le bouche-à-oreille est une technique publicitaire bien plus efficace que les mots et les points d’exclamation imprimés sur des avis et des affiches. C’est un événement inhabituel et marquant, cette apparition soudaine d’un cirque mystérieux. Les gens s’émerveillent devant la hauteur prodigieuse des plus grands chapiteaux. Ils fixent l’horloge installée derrière les grilles.
Et la pancarte suspendue au-dessus de l’entrée qui annonce en lettres blanches sur fond noir :
Ouverture à la tombée de la nuit
Fermeture à l’aube »
Au début, il y a des mots. Des mots qui forment des phrases. De ces phrases, naît un livre, naît un cirque. Mais pas n'importe lequel, le Cirque des rêves.
Erin Morgenstern nous embarque dans un univers magique. Son écriture est fluide et les phrases sont belles. Il ne m'est que très rarement arrivé d'apprécier autant la plume d'un auteur… Si j'ai eu un peu de mal au début, j'ai été emportée après quelques chapitres. Elle nous fait découvrir un univers en passant d'un personnage à un autre, mais aucun mal à se repérer. Pour dire, la simple mention d'un "homme en costume gris" permet au lecteur de reconnaître aisément et sans aucun doute l'homme en question. Avec une facilité déconcertante, elle nous fait découvrir de nouveaux personnages, d'autres histoires et passe d'une année à une autre. Des liens se créent au fur et à mesure, avec l'impression d'une histoire déjà écrite. Elle nous conte uniquement les faits.
Le grand nombre de personnage pourrait déranger, mais ce n'est pas le cas. Le narrateur suit l'un, puis l'autre, avant de nous présenter à un autre. Le changement est régulier et devient habituel. Mais les passages sont si courts que je ne me suis pas vraiment attachée à eux pendant une grande partie du roman. Bien heureusement ! Le Cirque est omniprésent. Les personnages, Marco, Célia et beaucoup d'autres font vivre ce Cirque. Marco et Célia, deux personnages liés au Cirque, liés entre eux, liés à un défi pour lequel ils sont entraînés depuis leur enfance. Ils n'en connaissent pas les règles. Ils ne savent pas quand le jeu prendra fin. Mais le roman ne s'intitule pas « Le défi des illusionnistes » ou bien « Le jeu de Marco et Célia ». Le Cirque des Rêves. Si le lecteur s'attachait à quelques personnages, il ne voudrait lire que leur point de vue sur l'histoire. Or le Cirque est un mélange de tous ces destins, de ces histoires mêlées. Malgré tout, j'ai beaucoup aimé les jumeaux Murray : Poppet et Widget, ainsi que Bailey…
« Les secrets ont un pouvoir, commence Widget. Or ce pouvoir diminue quand ils sont partagés, aussi vaut-il mieux garder ses secrets et bien les garder. Révéler des secrets, des secrets importants, ne serait-ce qu’à une seule personne, c’est les transformer. Les consigner, c’est encore pire, qui sait combien d’yeux risquent de les voir écrits en noir et blanc, malgré toutes les précautions que l’on a pu prendre. Le mieux, c’est donc de garder ses secrets quand on en a, pour leur bien et pour le nôtre. »
Partie II : Illumination - Le magicien dans l'arbre
Le Cirque des rêves est magique. Non pas uniquement le livre, mais le lieu. Les descriptions sont maîtrisées à la perfection. En y pensant, c'est presque si je peux sentir l'odeur de caramel, mêlée à celle de la cannelle qui y flotte. À travers les pages, j'ai l'impression d'avoir vu la création de ce cirque tout noir et blanc, d'avoir vécu avec lui, mais de le redécouvrir à chaque page. J'ai exploré les chapiteaux, celui très haut des acrobates, celui de l'illusionniste, celui du jardin des glaces, celui des flacons… Je me suis émerveillée avec les visiteurs dans le dédale de nuages, j'ai admiré le feu semblant magique dans la cour, j'ai cherché mon chemin, tout en flânant dans les allées. Magie, illusions. Mais où est la réalité ? Une réalité faite d'illusions ? De rêves ?
Je pourrais en parler des heures. Il y a presque deux semaines, ce livre ne me tentait pas du tout. Je ne voulais pas le lire. Quelle immense bêtise ça aurait été… Ce livre a été un grand coup-de-coeur et l'univers me manque déjà. Dès que j'ai tourné la dernière page, il me manquait déjà. Alors j'ai réalisé une liste et je l'ai partagée avec vous. Des mots qui reviennent souvent, des mots qui définissent le livre. Je n'ai qu'un conseil à vous donner, ouvrez le livre. Et rêvez...
Envoûtant et magique, Le Cirque des Rêves vous fera voyager au delà-de la réalité.
Quelle belle chronique mais tellement mystérieuse!
RépondreSupprimerMerci beaucoup ! Le Cirque des rêves est mystérieux en lui-même...
SupprimerCelui-là, je veux le lire depuis tellement longtemps... Il faut absolument que je me le procure !
RépondreSupprimerBonne idée ! ;)
SupprimerTu m'as donné envie de le lire ! :)
RépondreSupprimerAlors lis-le ! ;)
SupprimerHâte de lire ce livre... magique ! ;)
RépondreSupprimerDéjà dans ma wishlist.
Alors lis le dès que tu peux ! ;)
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