Six jours dans la vie de
Caumes qui vit son premier amour.
Six jours de 2015 où la
France est saisie d’effroi.
C'est une chose de lire un roman où se passent des évènements
effroyables, d'avoir peur pour et avec les personnages. Mais c'est totalement
différent quand ces évènements ont réellement eu lieu et que tu te rappelles de
ce que tu faisais à ce moment. Je me rappelle être restée bloquée devant ma
télévision le mercredi après-midi des attentats, me rendant compte qu'il
s'était passé quelque chose de grave. L'horreur m'avait saisie, mais pourtant,
je ne pouvais m'empêcher d'avoir envie d'en savoir plus sur ce qui s'était
passé. Ce roman m'a permis de mettre des mots sur ce que j'ai vécu lors de ces
premiers jours de janvier 2015. Et il le fait avec brio.
Cela fait maintenant deux ans que les attentats de Charlie Hebdo ont
eu lieu, mais j'ai eu l'impression de tout revivre. La découverte, l'horreur,
les mêmes images en boucle à la télévision, les mêmes témoignages, l'envie d'en
parler avec les professeurs en classe dans les jours qui suivent. Tout est là,
à travers les yeux de Caumes cette fois-ci. Le ton est violent, cru. Mais
pouvait-il en être autrement ? Il vit à la fois son premier amour avec Esther,
opposé aux désillusions de la dure réalité et de la cruauté du monde dans
lequel il vit. Montée du FN, peur des amalgames entre musulmans et terroristes,
tout est retranscrit avec justesse.
Mais alors, pourquoi s'entêter à lire des romans qui relatent des
évènements que nous avons vécu, qui ne sont absolument pas joyeux et dont on
connait les grandes lignes directrices ? C'est une bonne question à laquelle il
est difficile de répondre simplement. Je pense que ça permet d'extérioriser, de
mettre des mots sur ce qui a été vécu et de se rendre compte que nous n'étions
pas les seuls à vivre cette horreur. J'avais (à un an près) l'âge de Caumes en
début 2015, j'allais passer le bac en fin d'année et voilà que la France
entière tombait dans l'horreur. J'avais dans ma classe, comme lui, des
personnes qui commençaient à avoir une conscience politique. Certains étaient
de gauche, d'autres de droite et au moins un que tout le monde savait d'extrême
droite. Il y avait des athées, des catholiques et des musulmans. Et même si mon
lycée de province d'un coin de France n'était pas le même que celui de Caumes, j'ai
pu m'identifier dans certains personnages et retrouver des connaissances.
Pour en revenir à la question de pourquoi lire ce livre, c'est aussi
parce même si les évènements sont identiques, il y a une infinité de façons de
les vivre. Malgré les nombreuses ressemblances, Caumes et ses amis n'ont
absolument pas vécu cette semaine de janvier de la même manière que moi. Pour
cela, je suis admirative du travail d'Arnaud Cathrine, qui a réussi à apporter
des surprises et de l'imprévu à cette histoire, à ces jours dont tout le monde
se rappelle. Toutes les vies sont différentes et découvrir un autre point de
vue que le sien sur ces évènements est extraordinaire.
J'ajouterais aussi que les raisons qui poussent à lire un roman
relatant de choses aussi horribles sont aussi celles qui ont poussé tout le
monde à regarder les infos lorsque les attentats se sont produits alors que les mêmes choses
étaient répétées, c'est peut-être une sorte de curiosité malsaine... Ce sont
peut-être ces raisons qui font aussi que j'ai à la fois hâte et peur de lire la
saison 2 qui sortira bientôt, suite de l'histoire de Caumes, qui se déroule sur
la fin de l'année 2015.
En
tout cas, À la place du coeur est un
roman émouvant, qui marque les esprits. Je suis certaine que ne pourrez pas être
indifférents à toutes les émotions transmises dans ces pages, n'hésitez pas une
seule seconde.
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