Éditions Le Livre de Poche
350 pages
L'Ecume des jours : ce titre léger et lumineux
annonce une histoire d'amour drôle ou grinçante et inoubliable, composée par un
écrivain de vingt-six ans.
C'est un conte de l'époque du jazz et de la
science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique,
merveilleux et fantastique, féerique et déchirant. Dans cette oeuvre d'une
modernité insolente, l'une des plus célèbres du Xxe siècle et livre-culte
depuis plus de trente ans, Duke Ellington croise le dessin animé, Sartre
devient une marionnette burlesque, le cauchemar va jusqu'au bout du désespoir.
Mais seules deux choses demeurent éternelles et
triomphantes : le bonheur ineffable de l'amour absolu et la musique des noirs
américains...
Dès les premières pages, j'ai été emportée dans l'histoire de Colin.
Son univers quotidien est pour le moins surprenant. Qui se taille en biseau les
coins des paupières pour donner du mystère à son regard ? Qui possède un soleil
de chaque côté de son couloir vitré, car il aime la lumière ? L'étrangeté de sa
vie peut surprendre au début, mais je m'y suis très bien habituée. Tout en
poésie, l'auteur fait passer au lecteur des messages allant de la beauté de la
vie, à la tristesse et au désespoir de la maladie.
« Colin possédait une
fortune suffisante pour vivre convenablement sans travailler pour les autres,
et Chick devait aller tous les huit jours au ministère voir son oncle et lui
emprunter de l'argent car son métier d'ingénieur ne lui rapportait pas de quoi
se maintenir au niveau des ouvriers qu'il commandait, et c'est difficile de
commander à des gens mieux habillés et mieux nourris que soi-même. »
Chapitre I - Page 24
Colin, la douce Chloé, la gentille Alise, Chick le passionné de
Jean-Sol Partre, Nicolas le cuisinier et ami... Tous les personnages sont
différents et reconnaissables. Durant le récit, ils évoluent beaucoup. Certains
se connaîssent de mieux en mieux, certains basculent même dans une sorte de
folie... En effet, si le début du récit est doux et ensoleillé tel un beau jour
d'été, ce n'est pas le cas de tout le roman...
L'écriture de Boris Vian est très agréable. Un mot n'est jamais
choisi au hasard, les phrases sont belles, les comparaisons et métaphores
surprennent... Il invente des mots, il invente des personnages, il invente un
univers entier où le lecteur est immergé.
« Son peigne d'ambre divisa
la masse soyeuse en longs filets orange pareils aux sillons que le gai
laboureur trace à l'aide d'une fourchette dans de la confiture d'abricots. »
Chapitre I - Page 21
Je ne peux pas faire la comparaison avec le film, que je n'ai pas
encore vu. En revanche, la bande-annonce représente bien l'ambiance de
l'histoire... Je suis assez curieuse de voir comment le livre a pu être adapté.
Un roman léger et tragique, où se mêlent bonheur de l'amour
et désespoir de le perdre...