Ceci est le premier article du blog pour l'année 2015, premier
article depuis bien longtemps... Une petite perte de motivation, moins envie de
me plonger dans de nouvelles lectures. Dans toute passion, il y a des hauts et
des bas, et c'est un peu ma période "bas" depuis plusieurs mois. Il y
a aussi les évènements de la vie, qui font que les centres d'intérêts se
diversifient. Le travail au lycée qui s'intensifie, les réflexions sur l'année
prochaine qui sont de plus en plus nombreuses, les inscriptions sur le site
d'admission post-bac qui viennent d'ouvrir, les dix-huit ans qui vont arriver
bien trop rapidement, les semaines qui passent à la fois vite et trop
lentement... Une nouvelle année qui a extrêmement bien commencé pour moi, puis
qui s'est un peu ternie le mercredi 7 janvier avec les évènements de Charlie
Hebdo, pour faire jaillir ensuite un élan de solidarité et de défense de la
liberté d'expression dans le monde entier. Pour un temps, du moins...
Aujourd'hui, malade et au lit toute la journée, l'envie de lire
m'est soudainement revenue. Et le livre qui m'a attirée est #Bleue, de Florence Hinckel...
Imaginez-vous dans quelques années
ou bien dans quelques dizaines d'années. Les scientifiques ont trouvé une méthode permettant de supprimer la
douleur, de supprimer les souvenirs douloureux. La CEDE, Cellule d'Éradication
de la Douleur Émotionnelle, est chargée de ces suppressions. Tous les mineurs
ont l'obligation de passer par la CEDE en cas de traumatisme, de mal-être. Car l'humanité doit vivre heureuse. En diminuant
la douleur, les conflits diminuent et la paix peut être instaurée. Un passage
par la CEDE laisse un point bleu sur le poignet droit et est signe d'une force
émotionnelle. Souffrir est une faiblesse.
Imaginez-vous dans quelques années
ou bien dans quelques dizaines d'années. Suite à la révolution internet de la fin du XXe siècle, tout le
monde est désormais connecté au Réseau. Un manque d'activité sur le Réseau de
plus de cinq minutes est inquiétant et très mal vu. Être
sans cesse connecté est une habitude.
Commencé en début d'après-midi, je l'ai lu d'une
traite et terminé environ deux heures et demi plus tard. Premier livre que je
lis en entier depuis fin novembre, j'ai adoré me plonger à l'intérieur. Un roman d'avenir qui fait plus qu'écho à l'actualité,
que ce soit concernant l'addiction de notre société à internet, les libertés
que nous avons et celles que nous croyons posséder, mais aussi concernant la
place des médias et leur manière de façonner notre vision du monde.
Nous découvrons l'histoire de Silas, dont la vie
se retrouve boulversée au moment où Astrid, sa petite amie, se fait
accidentellement renverser par un camion. Il se fait alors emener de force par
les agents de la CEDE. Pour oublier toute sa
douleur.
Au fil des pages, nous découvrons la relation
qu'il entretenait avec Astrid et la force de leurs sentiments. Un Silas sensible et attachant, une Astrid flamboyante et
un peu casse-cou. Deux personnages pour lesquels on ne peut que se
prendre d'affection.
L'intrigue se dévoile au fur et à mesure sous nos
yeux. Florence Hinckel nous offre un roman très
complet, qui m'a à la fois surprise, révoltée et beaucoup touchée. J'ai été surprise par chaque nouvel élément que
l'histoire nous apportait. D'abord du point de vue de Silas dans la
première partie, puis du point de vue d'Astrid dans la deuxième, nous en
apprenons à chaque chapitre un peu plus sur eux, dans ces deux parties qui se
complètent. Dans la troisième et dernière partie, beaucoup plus courte, nous
retrouvons Silas et avec lui une nouvelle dose de rebondissements, tout en
reprenant la narration où elle s'était arrêtée à la fin de la première partie. J'ai été révoltée par cette société qui n'est finalement
pas si distante de la notre, si ce n'est par une évolution numérique et
scientifique. J'ai été touchée par l'histoire de
Silas et Astrid, par leur amour et leurs moments de bonheur poétiques.
Mais aussi par la réaction de Silas après passage à la CEDE.
Silas et Astrid ne sont pas seuls dans cette
histoire. Qu'il s'agisse de leurs pères, de leurs mères, de leurs amis Benjamin et
Marion, de Susie la petite soeur d'Astrid, mais aussi des autres que nous
découvrons au fur et à mesure, chaque personnage évolue tout au long de l'histoire et possède un caractère et une personnalité unique. Une mention spéciale pour la famille d'Astrid, que j'ai vraiment
aimé découvrir et dans laquelle ça ne va pas pour tout le monde réellement « pour
le mieux dans le meilleur des mondes »...
Je n'avais aucune envie d'arrêter de tourner les
pages, de quitter cette histoire et ces personnages sans savoir ce qui allait
leur arriver. C'est pourquoi je ne l'ai pas fait, jusqu'à ce que j'y sois
obligée, par l'arrivée de l'épilogue dans les trois dernières pages. Ce qu'il
m'est resté en fermant le livre, c'est la sensation d'une histoire qui parle avec douceur d'une société dure, mais aussi la furieuse envie de vous écrire pour vous faire connaitre cette histoire et simultanément l'envie de me
déconnecter d'internet. (Ce qui, je dois l'avouer, est tout à fait contradictoire.) Il reste tout de même l'envie d'arrêter de regarder toutes
les cinq minutes mon fil d'actualité facebook, tout en sachant qu'il n'y aura
rien de nouveau depuis la dernière fois. Et ces quelques mots...
J'aimerais
parler à chacun, lui dire : « Toi qui m'écoutes, souviens-toi que tu es un
humain. Souviens-toi de ce que cela signifie.
Souviens-toi de la vie. De toutes les couleurs de la vie... »
#Bleue est une perle. Un magnifique roman,
qui nous parle à la fois de sentiments et de ce à quoi pourrait nous mener
notre société, à l'heure où les réseaux sociaux ont une importance
considérable. Une histoire qui fait réfléchir, tout en nous faisant aimer notre
vie. Plus que jamais.