Les Mondes de Clèm: janvier 2015

mardi 27 janvier 2015

#Bleue - Florence Hinckel

Ceci est le premier article du blog pour l'année 2015, premier article depuis bien longtemps... Une petite perte de motivation, moins envie de me plonger dans de nouvelles lectures. Dans toute passion, il y a des hauts et des bas, et c'est un peu ma période "bas" depuis plusieurs mois. Il y a aussi les évènements de la vie, qui font que les centres d'intérêts se diversifient. Le travail au lycée qui s'intensifie, les réflexions sur l'année prochaine qui sont de plus en plus nombreuses, les inscriptions sur le site d'admission post-bac qui viennent d'ouvrir, les dix-huit ans qui vont arriver bien trop rapidement, les semaines qui passent à la fois vite et trop lentement... Une nouvelle année qui a extrêmement bien commencé pour moi, puis qui s'est un peu ternie le mercredi 7 janvier avec les évènements de Charlie Hebdo, pour faire jaillir ensuite un élan de solidarité et de défense de la liberté d'expression dans le monde entier. Pour un temps, du moins...

Aujourd'hui, malade et au lit toute la journée, l'envie de lire m'est soudainement revenue. Et le livre qui m'a attirée est #Bleue, de Florence Hinckel...


Imaginez-vous dans quelques années ou bien dans quelques dizaines d'années. Les scientifiques ont trouvé une méthode permettant de supprimer la douleur, de supprimer les souvenirs douloureux. La CEDE, Cellule d'Éradication de la Douleur Émotionnelle, est chargée de ces suppressions. Tous les mineurs ont l'obligation de passer par la CEDE en cas de traumatisme, de mal-être. Car l'humanité doit vivre heureuse. En diminuant la douleur, les conflits diminuent et la paix peut être instaurée. Un passage par la CEDE laisse un point bleu sur le poignet droit et est signe d'une force émotionnelle. Souffrir est une faiblesse.
Imaginez-vous dans quelques années ou bien dans quelques dizaines d'années. Suite à la révolution internet de la fin du XXe siècle, tout le monde est désormais connecté au Réseau. Un manque d'activité sur le Réseau de plus de cinq minutes est inquiétant et très mal vu. Être sans cesse connecté est une habitude.

Commencé en début d'après-midi, je l'ai lu d'une traite et terminé environ deux heures et demi plus tard. Premier livre que je lis en entier depuis fin novembre, j'ai adoré me plonger à l'intérieur. Un roman d'avenir qui fait plus qu'écho à l'actualité, que ce soit concernant l'addiction de notre société à internet, les libertés que nous avons et celles que nous croyons posséder, mais aussi concernant la place des médias et leur manière de façonner notre vision du monde.

Nous découvrons l'histoire de Silas, dont la vie se retrouve boulversée au moment où Astrid, sa petite amie, se fait accidentellement renverser par un camion. Il se fait alors emener de force par les agents de la CEDE. Pour oublier toute sa douleur. 
Au fil des pages, nous découvrons la relation qu'il entretenait avec Astrid et la force de leurs sentiments. Un Silas sensible et attachant, une Astrid flamboyante et un peu casse-cou. Deux personnages pour lesquels on ne peut que se prendre d'affection.

L'intrigue se dévoile au fur et à mesure sous nos yeux. Florence Hinckel nous offre un roman très complet, qui m'a à la fois surprise, révoltée et beaucoup touchée.  J'ai été surprise par chaque nouvel élément que l'histoire nous apportait. D'abord du point de vue de Silas dans la première partie, puis du point de vue d'Astrid dans la deuxième, nous en apprenons à chaque chapitre un peu plus sur eux, dans ces deux parties qui se complètent. Dans la troisième et dernière partie, beaucoup plus courte, nous retrouvons Silas et avec lui une nouvelle dose de rebondissements, tout en reprenant la narration où elle s'était arrêtée à la fin de la première partie. J'ai été révoltée par cette société qui n'est finalement pas si distante de la notre, si ce n'est par une évolution numérique et scientifique. J'ai été touchée par l'histoire de Silas et Astrid, par leur amour et leurs moments de bonheur poétiques. Mais aussi par la réaction de Silas après passage à la CEDE.

Silas et Astrid ne sont pas seuls dans cette histoire. Qu'il s'agisse de leurs pères, de leurs mères, de leurs amis Benjamin et Marion, de Susie la petite soeur d'Astrid, mais aussi des autres que nous découvrons au fur et à mesure, chaque personnage évolue tout au long de l'histoire et possède un caractère et une personnalité unique. Une mention spéciale pour la famille d'Astrid, que j'ai vraiment aimé découvrir et dans laquelle ça ne va pas pour tout le monde réellement « pour le mieux dans le meilleur des mondes »...

Je n'avais aucune envie d'arrêter de tourner les pages, de quitter cette histoire et ces personnages sans savoir ce qui allait leur arriver. C'est pourquoi je ne l'ai pas fait, jusqu'à ce que j'y sois obligée, par l'arrivée de l'épilogue dans les trois dernières pages. Ce qu'il m'est resté en fermant le livre, c'est la sensation d'une histoire qui parle avec douceur d'une société dure, mais aussi la furieuse envie de vous écrire pour vous faire connaitre cette histoire et simultanément l'envie de me déconnecter d'internet. (Ce qui, je dois l'avouer, est tout à fait contradictoire.) Il reste tout de même l'envie d'arrêter de regarder toutes les cinq minutes mon fil d'actualité facebook, tout en sachant qu'il n'y aura rien de nouveau depuis la dernière fois. Et ces quelques mots...

     J'aimerais parler à chacun, lui dire : « Toi qui m'écoutes, souviens-toi que tu es un humain. Souviens-toi de ce que cela signifie.
     Souviens-toi de la vie. De toutes les couleurs de la vie... »

#Bleue est une perle. Un magnifique roman, qui nous parle à la fois de sentiments et de ce à quoi pourrait nous mener notre société, à l'heure où les réseaux sociaux ont une importance considérable. Une histoire qui fait réfléchir, tout en nous faisant aimer notre vie. Plus que jamais.